American Journal of Innovative Research and Applied Sciences. ISSN 2429-5396 I www.american-jiras.com
ORIGINAL ARTICLE
| Gogoua Gbamain Eric 1*| Siyali Wanlo Innocents 2 | Et | Soro Gnenegnima 2|
1. Département de Géographie | Université Péléforo Gon Coulibaly | Korhogo, Côte d’Ivoire |
2. Université Péléforo Gon Coulibaly | Korhogo, Côte d’Ivoire |
| Received August 25, 2021 | | Accepted September 09, 2021 | | Published September 15, 2021 | | ID Article | Gogoua–Ref10-ajira250821 |
RESUMERESUME
Introduction: Korhogo, ville située au nord de la Côte d’Ivoire bénéficie d’une diversité industrielle à savoir des industries agroalimentaires (conditionnement de la mangue, transformation de la noix de cajou, fabrication d’huiles, égrenage de coton) et une industrie gravière. Contexte: Ces industries dans leurs fonctionnements produisent des déchets solides, liquides et gazeux. Cependant, la mauvaise gestion de ces déchets dégrade l’environnement et crée des maladies qui affectent la santé des populations de cette ville. Objectif: l’objectif de cette étude est d’identifier les types de déchets produits tout en analysant leurs modes de gestion. Résultats: Il ressort de l’étude, l’identification des déchets industriels inertes, des déchets industriels banals et des déchets industriels spéciaux ainsi que leur impact sur l’environnement et les populations riveraines. Conclusion: l’étude a mis en exergue la typologie des déchets produits par les unités industrielles et leurs modes de gestion.Introduction: Korhogo, ville située au nord de la Côte d’Ivoire bénéficie d’une diversité industrielle à savoir des industries agroalimentaires (conditionnement de la mangue, transformation de la noix de cajou, fabrication d’huiles, égrenage de coton) et une industrie gravière. Contexte: Ces industries dans leurs fonctionnements produisent des déchets solides, liquides et gazeux. Cependant, la mauvaise gestion de ces déchets dégrade l’environnement et crée des maladies qui affectent la santé des populations de cette ville. Objectif: l’objectif de cette étude est d’identifier les types de déchets produits tout en analysant leurs modes de gestion. Résultats: Il ressort de l’étude, l’identification des déchets industriels inertes, des déchets industriels banals et des déchets industriels spéciaux ainsi que leur impact sur l’environnement et les populations riveraines. Conclusion: l’étude a mis en exergue la typologie des déchets produits par les unités industrielles et leurs modes de gestion.
Mots clés : Korhogo, unités industrielles, déchets, gestion, environnement.Mots clés : Korhogo, unités industrielles, déchets, gestion, environnement.
ABSTRACT ABSTRACT
Introduction: Korhogo, a town located in the north of Côte d'Ivoire benefits from an industrial diversity, namely agro-food industries (packaging of mango, processing of cashew nuts, manufacture of oils, cotton ginning) and an industry gravel pit. Context: These industries in their operations produce solid, liquid and gaseous wastes. However, the mismanagement of this waste degrades the environment and creates diseases that affect the health of the populations of this city. Objective: the objective of this study is to identify the types of waste produced while analyzing their management methods. Results: The study shows the identification of inert industrial waste, ordinary industrial waste and special industrial waste as well as their impact on the environment and neighboring populations. Conclusion: the study highlighted the typology of waste produced by industrial units and their management methods.Introduction: Korhogo, a town located in the north of Côte d'Ivoire benefits from an industrial diversity, namely agro-food industries (packaging of mango, processing of cashew nuts, manufacture of oils, cotton ginning) and an industry gravel pit. Context: These industries in their operations produce solid, liquid and gaseous wastes. However, the mismanagement of this waste degrades the environment and creates diseases that affect the health of the populations of this city. Objective: the objective of this study is to identify the types of waste produced while analyzing their management methods. Results: The study shows the identification of inert industrial waste, ordinary industrial waste and special industrial waste as well as their impact on the environment and neighboring populations. Conclusion: the study highlighted the typology of waste produced by industrial units and their management methods.
Keywords: Korhogo, industrial units, waste, management, environment.Keywords: Korhogo, industrial units, waste, management, environment.1. INTRODUCTIONL’industrialisation est une étape indispensable pour tous les pays du monde qui aspirent à un développement économique rationnel et dynamique. De manière stratégique, elle vise à moderniser et diversifier les économies nationales, à augmenter les exportations et à générer de façon significative l’emploi. Dans une lancée similaire au pays africains, la Côte d’Ivoire a entrepris d’accélérer son processus d’industrialisation en vue d’une contribution de plus en plus accrue du secteur manufacturier à la création de richesses nationales au lendemain de son indépendance. Korhogo est le chef-lieu de la région du poro, dans le nord ivoirien. Elle concentre les principales infrastructures du nord savanicole. Dans cette ville agricole en situation de « retard », le secteur secondaire constitue le maillon faible de l’économie locale [1]. Fort de ce constat, les pouvoirs publics (dans un souci de réduction des disparités régionales) se sont investis dans l’implantation de plusieurs industries dans ladite ville. En majorité agroalimentaires, ces unités industrielles contribuent à la création de richesse et à l’augmentation des offres d’emploi dans la ville.Comme partout ailleurs dans le monde, ces industries rejettent de nombreux déchets qui se différencient selon leurs natures. Aussi, selon les types de déchets, les méthodes de traitements varient-ils. La gestion ou le traitement de ces déchets présente des avantages et des inconvénients, et il n’existe pas de panacée [2]. Leur présence dans la nature expose à une dégradation de l’environnement. Afin de limiter leurs impacts négatifs sur le cadre de vie, les déchets industriels se doivent d’être absolument traités. A Korhogo, ville en expansion, quel est l’état des lieux quant aux rejets de l’industrie locale ? Aussi, quelles réponses sont-elles apportées à la présence de ces rejets par les responsables industriels et les gestionnaires de la ville ? L’objectif de cette étude est sans équivoque l’indentification des déchets industriels produits dans la ville de Korhogo, ainsi que leur mode de gestion locale. 2. MATERIAL AND METHODS
2.1 ZONE D’ETUDE ET METHODOLOGIE2.1 ZONE D’ETUDE ET METHODOLOGIE
Située au Nord de la Côte d’Ivoire à environ 600 km de la capitale économique Abidjan, la ville de Korhogo est le chef-lieu de la région du Poro. Etablie sur une superficie de 8 700 ha en 2016 [3], sa population urbaine est passée de 142 039 habitants en 1998 à 243 048 habitants en 2014, soit une progression globale de 71 % [4]. Sa composition ethnosociologique permet d’enregistrer la présence « d’autochtones senoufo et de population mixe: allochtones originaires de divers régions de la Côte d’Ivoire et allogènes ressortissants des pays de la CEDEAO qui sont les Maliens, Burkinabés, sénégalais, Guinéens etc. » [5]. Son économie repose sur les activités agricoles (l’agriculture), le commerce et sur les services. Avec un secteur primaire représentant 41 % du produit local brut (PLB), la localité a une économie agricole conditionnée par des dispositions du milieu. La ville est soumise à un régime climatique de type soudanais et guinéen, régime « soudano-guinéen » avec une moyenne thermique annuelle de 26.7°C, une évapotranspiration élevée de l’ordre de 1960 mm [6]. Les sols qui accueillent une partie des déchets industriels de la ville de Korhogo ci-dessous représentée par la figure 1, correspondent à une coexistence de sols faiblement ferralitiques (dont principalement les ferrisols) et de sols ferrugineux tropicaux [7].
. Figure 1 : Localisation de la ville de Korhogo.
2.2.1 Collecte des données
Pour l’obtention des données nécessaires à l’étude, plusieurs méthodes ont été utilisées : la recherche documentaire, l’enquête de terrain et l’observation. A partir des lectures, l’on a eu connaissance de la typologie des déchets industriels existants de manière générale, ainsi que les possibilités de traitement de ces déchets. L’enquête de terrain a été conduite sous forme d’entretien et de questionnaire après avoir déterminé la technique d’enquête. L’entretien et l’enquête par questionnaire ont été les premières techniques utilisées. Cela a permis d’avoir les données nécessaires à l’élaboration du travail. Ainsi, le choix des quartiers à enquêter a été fait. Toutes les unités industrielles ont été recensées et soumises à des entretiens. La population riveraine a également été interrogée.
L’observation de terrain a permis de sillonner la zone d’étude (la zone industrielle, les quartiers qui ont une ou des unités industrielles) et de prendre des Figures qui serviront d’illustration. Aussi a-t-elle permis de voir les déchets que rejettent les unités industrielles et la manière que celles-ci participent à la pollution de l’environnement. Pour mener à bien l’enquête auprès des populations, un échantillon a été constitué. Selon le RGPH 2014, la ville de Korhogo compte 21786 ménages [8]. L’échantillon comprend 73 ménages en mode stratifiée. Nous avons fait un échantillonnage de la population étudiée constitué de quatre quartiers dans lesquels il y a des installations industrielles. Les populations des quartiers que nous avons enquêtés sont reparties dans le tableau ci-dessous.
Tableau 1 : Les populations des quartiers enquêtés.
QuartierPopulation
Natiokobadara12195
Zone industrielle3466
Banaforo12509
Résidentiel 2635
Total28805
Source : RGPH (2014)
La taille de l’échantillonnage a été définit selon la formule
n= Taille d’échantillon
N= Taille de la population
Z= Coefficient de marge déterminé à partir du seuil de confiance
e= Marge d’erreur
P= Proportion de ménage supposé avoir les caractères recherchés. Elle varie entre 0.0 et 1et est une probabilité d’occurrence d’un évènement. Dans le cas où l’on dispose d’aucune valeur elle sera fixée à 50%=0.5
Q=1-P
Pour l’application de la formule, nous pouvons présumer que si P = 0,5 ; a un niveau de confiance de 95%, Z =1.96 et la marge d’erreur e = 0.05
n= 73
Pour la suite, nous pourrons déterminer la portion des populations à travers la formule suivante :
Pour déterminer le nombre de population à enquêter par quartier, nous allons procéder de la manière suivante :
Nombre de personnes à enquêter par quartier = proportion des personnes x Nombre total de personnes par quartier.
Il nous importe donc de calculer à partir de l’échantillon, la proportion de la population (3) à enquêter dans le travail. Ce travail découle du rapport entre échantillonnage et effectif total de la population.
Application : Proportion de population : (3)= 73 x 100/28 805
Proportion de population : (3)= 0.25%
De ces calculs précédents, on en déduira le nombre de personnes à enquêter par quartier qu’on notera K.
K=3 x J = la proportion de population X la population totale par quartier
J étant le nombre total de population par quartier.
L’application numérique de K au quartier Banaforo est :
K = 0.25% x
Tableau 2 : Nombre brute de population enquêtée par quartier
QuartiersPopulation par quartierNombre final de la population enquêtée par quartier
Natiokobadara1219530
Zone industrielle346610
Banaforo1250931
Residentiel 26352
Total2880573
Source : RGPH, 2014
2.2.2 Traitement des données
L’étude s’est basée sur deux techniques de collecte de données : la recherche documentaire et les enquêtes de terrain. La recherche documentaire a permis de faire le point des recherches sur la typologie des déchets industriels. Pour les enquêtes de terrain, une géolocalisation des unités industrielles et des problèmes environnementaux sur les sites ont été nécessaires au cours de l’observation. Le recensement général de la population et de l’habitat de 2014 a dénombré 21786 ménages dans la ville de Korhogo [8]. La collecte des données s’est appuyée sur une approche participative et inclusive des enquêtés. Au terme des enquêtes, toutes les données ont été traitées à l’aide des logiciels Epi-data, Excel, Word et ArcGIS. Le logiciel Epi-data a permis d’élaborer le masque de saisie ; les logiciels Word et Excel ont permis la saisie du texte et la réalisation des graphiques, tandis que le logiciel ArcGIS a servi à la confection des cartes.
RESULTATS
RESULTATSRESULTATS
Tableau 3 : Inventaire des unités industrielles à Korhogo.Tableau 3 : Inventaire des unités industrielles à Korhogo.IndustriesDomaines
COIC 1, COIC 2, COIC3, SICOSA0.2Égrenage de coton
COTRAFTransformation de graine de coton, de soja et de maïs
Soleil d’Afrique, UKONAKO, Nargadenin,ALBATROS, Sodipex, Apex-Kosarl, Ivoire agreage, CofriboConditionnement de mangue
FMATransformation de grains d’anacarde
CarrièreExtraction de gravier
Source : Nos enquêtes, 2019La ville de Korhogo concentre quelques unités manufacturières. Elles sont implantées sur deux sites : le premier site est le quartier « Zone Industrielle » au centre de la ville, tandis que le second est celui de l’extension du quartier « Natiokobadara » qui se trouve dans la partie nord-est de la ville. Elles sont pour l’essentiel des unités agroalimentaires dont l’approvisionnement en matières premières se fait localement. Les produits transformés sont globalement le coton, les graines de coton, le soja, le maïs, la mangue et les graines d’anacarde. Le faible PIB (41 %) du secteur manufacturier se justifie dans une mesure par la faible importance numérique des unités industrielles dans la ville, malgré les efforts initiés par l’Etat investisseur de Côte d’Ivoire à l’époque des Sociétés d’Etat telles que la SODERIZ [3].
Les types de déchets industriels Les types de déchets industriels Les déchets industriels (DI) sont définis comme étant la perte des déchets produits en fabriquant le produit ou lors des processus industriels selon la fondation de l’eau potable sûre (FEPS). Ce sont les déchets produits par les industries et qui ont leur mode de traitement propre contrairement aux autres types de déchets. Comme on pourrait bien le dire, le déchet industriel « est généré par une activité industrielle » [9].Les déchets industriels sont classés en trois grandes catégories en fonction de leur caractère plus ou moins dangereux pour l’environnement. Ce sont : les déchets industriels spéciaux (DIS), les déchets industriels banals (DIB) et les déchets industriels inertes (DII).Les déchets industriels spéciaux
Les déchets industriels spéciauxLes déchets industriels spéciauxLes déchets industriels spéciaux sont des déchets qui présentent des risques pour l’environnement et pour la santé des hommes en raison des éléments polluants qu’ils contiennent. Ils sont donc classés comme des déchets dangereux. Ils sont produits par plusieurs unités industrielles de la ville. Ces déchets peuvent se présenter sous plusieurs formes. Ils peuvent être solides, liquides ou atmosphériques. Par exemple, les usines d’égrenage de coton (telles que COIC) rejettent dans l’atmosphère des poussières et des fumées noirâtres des échappements. L’usine de COTRAF dégage des fumées noirâtres et produit des eaux usées dans le processus de fabrication des produits, comme présentés par les Figures 1 et 2. Des huiles usées sont rejetées par les usines qui transforment le coton, le soja et le maïs. L’extraction de gravier dans les carrières, est la source de production d’énormes poussières. Ces différentes Figures illustres des déchets industriels spéciaux rejetés par des usines à Korhogo. Il s’agit de la fumée et des poussières, des eaux usées, de la coque d’anacarde et des graines de coton pourries dans le sol. La fumée est rejetée dans l’atmosphère et la coque et l’eau usée dans les alentours des usines. Ces déchets constituent une menace pour l’environnement.Les déchets industriels banals (DIB)
Les déchets industriels banals (DIB)Les déchets industriels banals (DIB)
Ils sont constitués de déchets non déblais et non dangereux, l’exemple de ceux qui figurent sur les Figures 5 et 6. Les DIB sont composés des verres, des cartons, des emballages, des déchets d’entretient etc. Ces déchets sont fréquents dans les cours des unités industrielles de la ville de Korhogo.
Figure 5 : Déchets carton d’embalage. Cliché : Soro G, 2019. Figure 6 : Déchets emballés. Cliché : Soro G, 2019.
Les déchets industriels inertes (DII)
Les déchets industriels inertes (DII)Les déchets industriels inertes (DII)Ce sont des déchets communs aux industries. Ils sont essentiellement constitués de gravats et de déblais (briques, les tuiles, les pierres, ferraille et les terre…). Ce sont des déchets qui n’évoluent pas physiquement, chimiquement, ou biologiquement. Voir Figure ci-dessous. Figure 7 : Déchets métalliques dans la cours de l’usine de COTRAF. Source : Soro G, 2019.Cette image nous présente des ferrailles mortes triées. Ces déchets ne présentent pas un réel dangereux. Ce sont des résidus des travaux de construction. L’on les regroupe afin de les réutilisés en cas de besoins.
Production des déchets industriels à KorhogoProduction des déchets industriels à Korhogo
Les déchets produits à Korhogo sont regroupés en déchets solides, liquides et atmosphérique.
Tableau 4 : Les déchets produits par les unités de Korhogo.Tableau 4 : Les déchets produits par les unités de Korhogo.EnterprisesProduits FinisRejetsHydriquesAtmosphèreDéchets Solides
Égrenagesde cotonCoton fibre et graine de cotonHuile uséeFumée rejetée par les canaux d'échappements,par les engins, poussière de coton traité avec des produits, particule volatile de coton, et de sableFibre de coton pourris et graine de coton
Conditionnement de mangueMangueEaux uséesOdeur de mangue pourrisFeuille d’arbre et mangue déchés
Transformation de graine d’anacardeGraine d’anacardeHuile uséesFumée d’échappement, odeur de la coque d'anacardeCoque d’anacarde
COTRAFHuile, savon, aliment bétailHuile Usée, Eaux usées de service et de processus de fabricationFumée, odeurs des eaux uséesCoque de coton, de maïs, soja, sacs des produits dangereux, sable déodorant
Extractionde gravierGravierParticule volatile de poussière, fumée des engins
Source : Nos enquêtes, 2019Ce tableau nous montre que les industries fabriquent ou conditionnent des produits variés. Selon les types d’entreprise, des déchets liquides, solides et gazeux sont produits. Cela s’explique par le fait que chaque usine utilise de l’eau, des machines et des produits chimiques dans la fabrication. Un autre facteur demeure la gamme des produits fabriqués.
Mode de gestion des déchets industriels Mode de gestion des déchets industriels
Les déchets industriels subissent un traitement utilisable ou inutilisable. Le traitement des déchets est relatif à ce que les industries en fond ; comment les gèrent-elles. Il s’agit de connaitre leur mode de gestion. Le traitement des déchets industriels à Korhogo est étroitement lié aux types de déchets à savoir les déchets solides, les déchets liquides et les déchets gazeux.
Les déchets solides
Les déchets solidesLes déchets solidesLes déchets solides sont traités et utilisés de diverses manières par les sociétés industrielles qui les produisent. Les unités de conditionnement produits plusieurs déchets qui sont des mangues en mauvaise état, des feuilles de plantes. Ces déchets sont souvent déversés dans la cour de l’usine, ou devant la cour ou même vendus aux femmes.En ce qui concerne l’unité FMA de transformation de l’anacarde, les coques de noix de cajou sont déversées dans toute la cour de l’usine sans aucun traitement préalable et dans un désordre, à voir la Figure ci-dessous. Elles sont toujours stockées et non ramassées. Aujourd’hui l’on commence à retrouver la coque hors de la cours de l’unité. Figure 8 : Coques d’anacarde. Cliché : SORO G, 2019.Les unités d’égrenage produisent des graines de coton, la fibre en mauvaise état et des particules de coton et de sable dans l’air comme déchets. Les déchets de graines de coton produits par ces unités sont, soient vendus pour être transformés en d’autre produit à COTRAF, soient vendus aux paysans pour être utilisés comme fumier ou pour la semence, soient vendus aux éleveurs qui utilisent comme nourriture pour le bétail ayant l’autorisation du centre ivoirien anti-pollution (CIAPOL), soient déversés dans des espaces non loin des unités. Ces déchets déversés non loin des entreprises qui les produisent peuvent durer des années sans être ramassés et finissent à pourrir. En ce qui concerne la fibre qui est versée comme déchet, elle est vendue à des particuliers qui en font des matelas. Déchets liquides
Déchets liquidesDéchets liquidesLes déchets liquides produits par les unités industrielles sont traités de diverses manières. Les eaux de lavage de mangues utilisées par les sociétés de conditionnement de mangue ne sont pas neutres. Ces eaux sont utilisées pendant 5h à 8h par certaines sociétés au lieu de 1h. Après utilisation, ces eaux dont la couleur devient rougeâtre sont déversées à fleur de sol ou dans des fosses, comme c’est le cas dans la Figure 9. Les usines utilisent des huiles pour la mise en marche des machines. Ces huiles qui s’usent sont retirées des machines, stockées dans des barils et vendues à des particuliers pour une quelconque utilisation dans les engins. Ces huiles usées, nocives et dangereuses se retrouvent souvent abandonnées dans les unités industrielles.L’unité de COTRAF par exemple laisse ruisseler des eaux issues de ses activités (à l’exemple de la fabrication du savon) en dehors de son espace. Les eaux usées, chargées de produits chimiques, sont canalisées depuis l’usine jusqu'à proximité des zones d’habitation. Elles sont par moment utilisées par les ménages pour satisfaire des tâches ménagères. Les fosses prévues pour la rétention de ces eaux sont aujourd’hui limitées. Pour empêcher leur échappement, une ceinture en sable a été érigée autour de ces fosses, à l’interpellation du ministère de l’environnement et développement durable à travers le CIAPOL. Mais il faut noter qu’en cas de forte pluie, ces eaux débordent et rejoignent un ruisseau dont l’écoulement atteint les zones de maraîchers et d’habitats situées du côté est de la voie routière contiguë à l’usine. Nous devons aussi relever qu’au cours de la période 2012-2013, ces eaux non traitées étaient déversées directement hors de l’usine, devenant de ce fait un facteur de développement de diverses pathologies. Figure 9 : Eau usée de l’activité industrielle de COTRAF. Clichés : SORO G, 2019.L’eau, déversée par la société COTRAF à l’intérieur de cette fosse, vient du processus de fabrication de l’huile et du savon. Elle est nocive, car, contenant des produits chimiques. La société déverse cette eau sans aucun traitement. Une mauvaise odeur se dégage de ce liquide. Les déchets atmosphériques
Les déchets atmosphériquesLes déchets atmosphériquesÀ l’exception des unités de conditionnement de la mangue, toutes les autres unités produisent des déchets gazeux ou atmosphériques. Ce sont les fumées noirâtres qui sortent des tuyaux d’échappement, les poussières des usines (particules volatils de sable ou coton) et les odeurs nauséabondes des déchets. Les fumées et les poussières sont directement rejetées dans l’atmosphère. Les unités d’égrenage sont particulières, car, elles produisent aussi bien des fumées que des poussières dont les volumes couvrent très souvent une surface importante de l’espace aérien de tout le quartier. Ces poussières ne sont pas canalisées véritablement dans les chambres à poussières. Elle se retrouve ainsi dans l’eau de boisson, sur les mets à consommer et sur toutes les autres surfaces non couvertes. Dans les habitations proches des usines de coton, l’on retrouve des nids de poussières formés par la fibre du coton volatile. L’industrie de carrière produit d’importantes quantités de poussières. Ces poussières peuvent se retrouver à plus de 2 km du site de concassage. Ces déchets gazeux se retrouvent dans les villages environnants selon la direction du vent, et donnent aux éléments physiques du paysage (végétation par exemple) sa coloration blanche ou rougeâtre.
Fréquence de ramassage des déchetsFréquence de ramassage des déchetsLes déchets industriels non ramassés présentent des dangers pour l’environnement, les travailleurs de l’entreprise et les populations riveraines.
Tableau 5 : Fréquences de ramassage des déchets par heure, par jour et par mois. Tableau 5 : Fréquences de ramassage des déchets par heure, par jour et par mois.fréquencede ramassage des déchetsType d'entreprise
Par heureAu quotidienPar moisTotal
Conditionnement de mangue2113
Égrenages0222
Agro-industrie de COTRAF0101
Transformation d’anacarde0011
Total2447
Source : Nos enquêtes, 2019Ce tableau montre que les types d’entreprises industrielles ramassent leurs déchets par heure, au quotidien et par mois. En effet, les industries de Korhogo sont pour la plupart en activité selon le calendrier de la production et de la récolte de leurs matières premières agricoles locales. Leurs activités s’étendent sur environ un (01) à six (06) mois de campagne. Ainsi, elles assurent le ramassage au quotidien ou mensuel de leurs déchets. Les industries agroalimentaires de mangues produisent peu de déchets qui sont ramassés à la fin de chaque opération de conditionnement de la mangue par l’équipe du « pisteur » dont les mangues sont conditionnées. Les industries d’égrenage et l’agro-industrie sont celles qui ont des volumes importants de déchets et qui font l’effort d’en faire un ramassage quotidien, mensuel ou de fin de campagne.Cependant, malgré ce plan de ramassage programmé, l’on constate que dans la pratique les unités industrielles ne ramassent pas toujours leurs déchets. Il arrive de voir des stocks de déchets datant de plusieurs mois ou de plusieurs années à l’intérieur ou à proximité des unités industrielles. À Korhogo, les entreprises industrielles n’ont pas un véritable système de ramassage des déchets malgré les efforts d’encadrement du CIAPOL. Les chefs d’industrie sont essentiellement focalisés sur leurs productions, leur marketing et non sur les problèmes environnementaux que leurs activités engendrent.
Le compostageLe compostageLe compostage est un processus naturel de « dégradation » ou décomposition de la matière organique par les micro-organismes dans des conditions aérobiques. Dans toutes les unités de la ville, seule l’unité de COTRAF fait le compostage. Elle utilise la cendre obtenue par l’incinération des coques de coton pour les végétaux.Figure 10 : Cendre utilisée comme composte. Cliché : Soro G, 2019. Cette Figure nous présente de la cendre utilisée comme composte. La cendre est arrosée quotidiennement afin de retirer toute substance nuisible pour les plantes (potasse par exemple). Après deux semaines ou un mois, cette cendre est utilisée comme composte auprès des plantes.
L’incinérationL’incinération
L’incinération est une technique utilisée pour éliminer les déchets. Elle consiste à bruler les déchets. À Korhogo presque toutes les unités agroalimentaires utilisent cette technique. Elle se fait dans les décharges. Mais la société COTRAF utilise l’incinération des coques de coton dans un domaine de l’usine appelé chaudière pour alimenter l’usine en électricité.
4. DISCUSSION4. DISCUSSIONUne pluralité d’industrie à Korhogo joue un rôle important dans le développement de la ville. La majorité de ces unités est agroalimentaire donc liée à l’agriculture. Chacune d’entre elle agit dans un domaine bien précis avec des déchets précis. Ainsi, les unités de mangue déversent des déchets liquides (eau usée) et des déchets solides (mangues, feuilles). Les unités d’égrenage et l’unité de carrière produits en quantité les déchets gazeux (pollution de l’air). Elles produisent de la poussière (de coton, des pierres) dans l’air qui atteint souvent plusieurs quartiers de la ville. Il y a aussi la production de déchets solides par les unités d’égrenage de coton comme du coton pourris, des graines de coton pourris et même des déchets liquides comme les huiles usées. L’usine de COTRAF produit en majorité des déchets liquides : les eaux usées de fabrication des produits, les eaux usées de services. La coque des graines d’anacarde est produite par l’usine de transformation de graine d’anacarde (FMA). Tous ces déchets produits ne sont pas bien traités par les entreprises ; ce qui dégrade l’environnement. L’industrie Ivoirienne, partie d’une quarantaine d’unités dans les années 50, comptait en 1994, près de 8 000 entreprises. Ces unités ont favorisé aux alentours des zones industrielles d’Abidjan (Yopougon et Port-Bouët), des habitats précaires avec leurs corolaires de maladies (paludisme (68,4%), fièvre typhoïde (12,2%), etc.) et les mauvaises conditions de vie (53,4%). Les populations riveraines souffrent énormément des conséquences des actions industrielles [4]. Les maux de tête, des boutons sur le corps, les IRA, le Rhume sont des pathologies chroniques dans les zones industrielles. Les poussières dégagées par les usines sont respirées voir inhalées par les populations et aussi les mauvaises odeurs. À Natiokobadara, la pollution est plus accentuée car elle a les unités que nous appelons les grands pollueurs comme l’usine de COTRAF et les unités d’égrenage de coton (COIC 2 et 3 et SICOSA). Les populations souffrent alors d’IRA, de dysenterie, de nombreux boutons sur le corps lié à la nappe polluée et des autres maladies respiratoires. Le quartier de Banaforo avec l’unité de COIC est l’un des grands pollueurs. Cette population souffre uniquement de maladie respiratoire (rhume, ulcère, maladie pulmonaire, …). Ces déchets produits par les industries constituent des facteurs de pollution environnementale et risque sanitaire pour les populations à l’échelle de la ville de Korhogo. Nous les avons en trois catégories. Les déchets industriels spéciaux comme les fumées noirâtres rejetées dans l’atmosphère, les eaux usées issues de la production, les coques l’anacarde et les graines de coton sauvages ensuite, les déchets industriels banals comme les cartons usagés, les déchets emballés et enfin les déchets inertes comme les déchets métalliques. L’industrie utilise de grandes quantités d’eau mais le principal problème tient à ce que la majeure partie de cette eau retourne à la nature, car chargée de déchets, de produits chimiques et de métaux lourds) [10]. Les travaux ont relevé que la plupart des industries produisent des déchets de composition semblables aux effluents domestiques qu’il rejette dans l’eau. Les éléments nutritifs des végétaux aquatiques apportés en partie par les effluents industriels entrainent une baisse considérable de concentration en oxygène dissous dans eau « la lagune» et favorisent du coup la fermentation qui aboutit aussi au dégagement d’odeurs nauséabonde. Plusieurs autres auteurs vont dans le même sens parlant surtout de la pollution de la lagune Ébrié par les industries à Abidjan [11].
5. CONCLUSION5. CONCLUSIONCette étude nous a permis de connaitre les divers déchets industriels produits à Korhogo par les unités industrielles, ainsi que leurs modes de traitement. Les déchets industriels sont déversés partout dans les quartiers qui ont bénéficié de l’implantation d’unités. Les industriels adoptent des attitudes passives quant à la gestion de leurs déchets. Elles accordent plus d’intérêt à la croissance de leur activité.La production et la mauvaise gestion des déchets industriels participent fortement à la dégradation de l’environnement. La persistance de plusieurs pathologie (les ira, les maladies pulmonaires, l’asthme, la dysenterie, des boutons sur tout le corps) est l’expression de la dégradation de certains milieux dans la ville de Korhogo. Il serait donc très important de sensibiliser les industriels et de sanctionner tous ceux qui ne respectent pas les mesures de gestions des déchets, afin de préserver le cadre de vie et de mieux gérer son environnement.
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