souvent, elle est perçue, au regard de son utilisation aux besoins les plus visibles pour lesquels, ses services sont
sollicités. Par exemple, elle est souvent sollicitée quand il s’agit des questions de mariage, de décès et aussi souvent de
succession. Ces aspects, pour lesquels
otote
est convoqué, renvoient souvent à la justice, dans le sens de règlement et
non avec vocation de sanctionner. Entant qu’institution structurée et organisée,
otote
gère toutes les sphères de la vie en
société. Tous les acteurs sociaux qu’ils soient initiés ou non sont concernés par les prescrits de cette institution. C’est
dans ce sens que la définition proposée par Nicolas Oboba parlant de l’espace ‘’
koyo’’
nous parait la plus proche de la
réalité de cette institution. Pour lui, ‘’
otwere’’
apparait comme acteur dans l’organisation de cette société, le régulateur de
la vie, l’organisme qui secrète l’expression et garantit l’ordre dans la société. Cette définition ne fait apparaitre la notion
de justice que de manière déguisée. C’est, pourrait-on dire, que cette institution ne fait appel à la justice, au fond, que
par ce qu’il n’est pas possible de vivre dans une société sans justice. Mais, en réalité, la justice semble ne pas être le but
de cette institution. Elle n’est qu’un aspect qui concoure à rendre efficace cette institution dans son rôle dans la société.
Elle est même, dans une certaine mesure imprécise dans la mesure où l’institution n’est pas clairement définie.
Au cours de nos travaux académiques portant sur les rapports de cette institution et la politique, nous avons estimé
qu’otote
est une école de socialisation en pays
mbosi
en général et
koyo
/
Akwa
en particulier. Son éducation est
constituée d’un ensemble d’enseignements structurés et organisés en thèmes pratiques, simulés aux réalités de la vie
courante.
Otote
ne se résume pas en une chose qu’on pourrait domestiquer et pour laquelle, un individu ou un groupe,
voire une famille ou un clan peut prétendre en avoir la maitrise totale. Elle est une philosophie qui fixe, dans le cadre de
la dynamique du groupe, des grandes orientations sur lesquelles la réflexion doit s’appuyer en permanence pour faire
avancer le groupe ou la communauté. Elle est donc à la fois, fermeture par ce qu’elle veille au respect des traditions,
coutumes et ouverture car, elle adapte ses principes à l’évolution du monde moderne sans réellement altérer son identité
profonde. Elle privilégie la vérité et se repose sur le courage et la détermination de la défendre et l’affirmer pour éviter
qu’un individu,
kani
ou
mwene
soit-il, où un groupe d’individus puissent domestiquer la vérité et s’en servir à leurs fins.
Elle est, essentiellement, orientée vers des hommes, par ce qu’on les estime comme les plus à même de diriger. Les
femmes ne sont pas concernées même si, dans la pratique parfois elles ont certains privilèges reconnus aux
totes
.
Cette institution est structurée de telle sorte que son autorité ne souffre d’aucune contestation. Le
kani
ou
mwene
en est
l’autorité morale. Gardien des traditions, le
kani
ou
mwene
veille à ce que les fondamentaux de cette institution ne soient
pas violés et remis en question. Mais, le vrai chef de cette institution est
obéla
. C’est, en fait le porte parole du groupe ;
le modérateur. Il est choisi selon les critères fixés par la communauté dont la vérité, et le courage de l’affirmer et le
défendre, le respect des droits humains sont et demeurent des normes.
Obéla
est le confident du
kani
et celui-ci en
choisit un, le jour de son intronisation, pour parler en son nom et sous son autorisation. Au début,
obéla
était choisi
parmi les personnes les plus éclairées de la société, dont la verve oratoire, le sens des responsabilités et de la logique,
mais aussi, le gout de la vérité ne souffraient d’aucune contestation.
Obéla
ne devait dire que le droit et ne pouvait être
partisan même si dans l’affaire en débat il avait quelqu’un avec lequel, au plan individuel, il pouvait avoir des
antécédents.
A côté
d’obéla
, il y’a
opémbet
. Il joue le rôle d’émissaire dans cette institution
otote
, mais aussi l’assesseur
d’Obéla
. Il
installe la natte au
kandza
lors du règlement des palabres et rappelle à l’ordre
obéla
, sur le respect des prescrits de
l’institution, en cas de dérapage, en pleine séance.
Le
mwandzo
ou balai reste le symbole par excellence de cette institution. Le
kandza
est le siège permanent de cette
institution dans l’intervalle des sessions. Il est un cadre architectural bien construit, une permanence qui permet aux
jeunes garçons de se former sur les fondamentaux de la vie et la gestion de la société auprès des vieux. Les femmes n’y
ont pas accès de manière permanente. Elles viennent, pour répondre à un besoin particulier, à l’appel d’un des hommes.
Au cours du règlement des palabres, elles y restent aux abords, assises sur des sièges de fortune, juste pour suivre la
procédure et la délibération sur l’affaire en examen.
Cette institution gère toutes les sphères de la vie. Elle est beaucoup plus remarquable sur les questions de mariage, de
maladie et de la mort.
Otote
est structuré en modules : Le premier est
okosso
qui fixe le postulant sur les fondamentaux de la vie en général,
sans réelles précisions sur ses aspects importants. C’est l’étape qui consacre les premiers pas dans l’initiation avec pour
fondement essentiel, le respect des anciens et de la hiérarchie sociale.
Le deuxième, dénommé
ontsongo
représente, à travers des images et symboles, les fondamentaux de la vie en société,
le rapport de l’homme à la nature, avec les hommes et l’au-delà. L’essentiel de ce module instruit l’homme sur la
nécessité de vivre en communauté et l’intérêt de préserver la dynamique du groupe quel que soit les divergences.
Le troisième et dernier module est
miandzo kama
. Ce qui peut se traduire en français par cent balais. Ce qui symbolise la
plénitude dans l’instruction. On suppose qu’un initié de cette trompe devrait être en mesure d’avoir la maitrise et la
capacité de surmonter toutes les situations qui peuvent se présenter à lui, en les questionnant, fondamentalement, et en
tentant de trouver, les meilleures approches possibles de solution. Cette étape est la suite logique des deux autres. Elle
met un accent particulier sur la justice sociale et la reconnaissance de Dieu comme maitre incontesté de l’univers et de la