American Journal of Innovative Research and Applied Sciences. ISSN 2429-5396 I www.american-jiras.com
ORIGINAL ARTICLE
ETUDE DE LA PRODUCTION DE LA POMME DE TERRE PAR UTILISATION DU COMPOST : DOSE OPTIMALE ET AMELIORATION DU RENDEMENT
POTATO PRODUCTION USING COMPOST: OPTIMAL DOSE AND YIELD IMPROVEMENT
| Mamadou Yaya Balde *1.2 | Dian Foula Diallo 1 | Mamadouba Bangaly Camara 1 | Mariama Barry 1 | Nyankoye Soropogui 1 | et | Wouly Camara 1 |
1. Centre de Recherche en Gestion des Déchets (CREGED) | DGRS / MESRSI | BP : 2201 | Conakry, Guinée |
2. Université Gamal Abdel Nasser de Conakry | Laboratoire de Chimie-Physique | BP : 1147, Guinée |
| Received August 19, 2022 | | Accepted September 18, 2022 | | Published September 25, 2022 | | ID Article | Mamadou–Ref1-ajiras190922 |
RESUME
Introduction : En Guinée, la culture de la pomme de terre offre de nombreux atouts. Du point de vue agronomique, sa culture est aisée, son potentiel de rendement est relativement important. Objectif : La présente étude s’inscrit dans le cadre de la valorisation des produits issus de la transformation des déchets biodégradables en tant que produits alternatifs aux engrais chimiques. Méthodes : Le compost utilisé a été préparé par la méthode ANDAIN pour fertiliser un champ d’expérimentation d’une superficie de 750 m² dans la Sous-préfecture de Timbi-Madina. Trois doses de compost fin de 20 mm de diamètre ont été appliquées sur le champ au cours de trois campagnes agricoles. La dose optimale de compost est de 12 tonnes par hectare avec un rendement de 68 tonnes de pommes de terre à l’hectare avec une valeur ajoutée de 14 tonnes par rapport à l’utilisation de l’engrais chimique dont le rendement moyen est de 54 tonnes par hectare. Conclusion : Cette étude démontre que le compost produit par le Centre de Recherche en Gestion des Déchets (CREGED) pourrait être une alternative à l’utilisation des engrais chimiques dans la production de pomme de terre en vue d’amorcer une agriculture intelligente et plus écologique.
Mots-clés: Compost, pomme de terre, dose optimale, CREGED, Timbi-Madina.
ABSTRACT
Introduction: In Guinea, potato cultivation offers many advantages. From an agronomic point of view, it is easy to grow and its yield potential is relatively high. Objective: The present study is part of the valorization of the products resulting from the transformation of biodegradable waste as alternative products to chemical fertilizers. Methods: The compost used was prepared by the ANDAIN method to fertilize an experimental field of 750 m² in the sub-prefecture of Timbi-Madina. Three doses of fine compost of 20 mm diameter were applied to the field over three cropping seasons. The optimal dose of compost is 12 tons per hectare with a yield of 68 tons of potatoes per hectare with an added value of 14 tons compared to the use of chemical fertilizer whose average yield is 54 tons per hectare. Conclusion: This study shows that the compost produced by Waste Management Research Center (CREGED) could be an alternative to the use of chemical fertilizers in potato production in order to initiate an intelligent and more ecological agriculture.
Keywords: Compost, potato, optimal dose, CREGED, Timbi-Madina.
1. INTRODUCTION
La sous-alimentation est un facteur qui freine le développement socio-économique dans plusieurs pays du monde. Selon les statistiques de la FAO (2012), environ 870 millions de personnes seraient sous-alimentées, soit 12,5 % de la population mondiale. En Afrique, l’agriculture est confrontée au défi majeur dans la mesure où elle a besoin de doubler sa production alimentaire d’ici 2030 [1,2]. D’une manière générale, la production agro-alimentaire reste insuffisante en Afrique Sub-saharienne malgré la multiplicité des variétés de cultures et les gros efforts déployés dans certains pays. En Guinée, la culture de la pomme de terre offre de nombreux atouts. Du point de vue agronomique, sa culture est aisée, son potentiel de rendement est relativement important. Du point de vue nutritionnel, elle se classe parmi les plantes à tubercules les plus nutritives avec une teneur énergétique élevée. Du point de vue commercial, elle est très appréciée par les populations guinéennes. Depuis plusieurs décennies, sa production dans la Sous-Préfecture de Timbi-Madina est devenue florissante avec une contribution de taille dans le développement socio-économique de la Guinée en général et pour la préfecture de Pita en particulier. Cependant, cette culture est en partie responsable de l’appauvrissement du sol en termes de matières organiques, compte tenu de sa nature sableuse. La matière organique joue un rôle essentiel dans la qualité des sols et du rendement agricole par son aptitude à retenir l’eau et les éléments nutritifs nécessaires au développement des cultures. Cette matière organique participe au maintien d’un niveau adéquat d’humus dans le sol pour garantir sa fertilité [3]. En effet, les études antérieures ont montré qu’il existe plusieurs substances naturelles ou synthétiques, permettant d’amender la qualité des sols. L’usage d’émondage d’arbre, de roches phosphatées ou d’engrais synthétiques a été expérimenté par plusieurs études [3, 4]. En Guinée, plus précisément à Timbi-Madina où plus de la moitié de la production de pomme de terre est réalisée, l’accroissement de la demande en intrants dû à l’augmentation des surfaces exploitées est loin d’être comblée. Cette situation oblige la Fédération des Paysans du Fouta Djallon d’investir sur l’importation des engrais pour satisfaire à la demande des groupements. L’utilisation du compost est dès lors une alternative bénéfique sur plusieurs plans. D’abord sur le plan environnemental, sa préparation par transformation des déchets contribue à l’assainissement des villes et améliore le cadre de vie des populations. Ensuite, sur le plan économique, son utilisation permet de réduire considérablement les coûts relatifs à l’achat d’engrais chimiques. En fin, le compost apporte au sol et aux plants l’essentiel d’éléments nutritifs nécessaires à leur développement. Grâce à leurs teneurs en azote, phosphore et potassium. En effet, l'azote (N) est indispensable au développement de la plante, et il a un effet sur la grosseur des tubercules et même sur leur qualité. Il doit être disponible pour la plante dès la formation du feuillage, mais également pendant le développement des tubercules. Cependant, l’excès ou la carence en azote peut poser des problèmes à la plante ; la carence en azote entraîne une croissance insuffisante, un feuillage qui tend vers le vert jaune et des feuilles de taille anormalement petites qui peuvent tomber. Inversement, un excès provoque un feuillage luxuriant, très vert et un retard dans l'apparition des fleurs et dans la maturation des fruits. L’élément phosphore (P), présent dans le compost, permet à la pomme de terre de développer son système racinaire ; ainsi, il doit donc être présent dès le début de la culture [4,5]. Cet élément phosphore agit également sur la formation de l'amidon, le développement des tubercules et son stockage. Un apport en phosphore entraîne un plus grand nombre de pommes de terre de calibre plus important. Lorsqu'il n'est pas dans le sol en quantité suffisante, les tubercules arrêtent de grossir. Si le plant est en manque de phosphore, ses feuilles montrent également une terne couleur vert-sombre et ont leurs rebords repliés vers le haut [5]. L’adaptation des plants aux conditions climatiques et édaphiques nécessite également une dose optimale de potassium (K) ayant déjà plusieurs fonctions : il permet une bonne hydratation du plant, favorise le processus de tubérisation (la formation des tubercules) et il a un rôle dans les défenses naturelles de la plante. Une carence en potassium se manifeste par une décoloration des bordures des feuilles qui s'étend vers l'intérieur, entre les nervures. Leurs bords se recourbent vers le haut, les feuilles sèchent et peuvent tomber et la plante se développe moins [7-9].
A Timbi-Madina, le système de production extensif de pomme de terre est de plus en plus confronté à une baisse de fertilité qui résulte d’une diminution des temps de jachère consécutive à l’augmentation de la pression démographique. L’augmentation de la production agricole est le résultat d’une augmentation des superficies que d’une augmentation des rendements [10]. Ce qui justifie la nécessité d’amender le sol pour améliorer le rendement agricole [11, 12]. Dans la présente étude, l’effet du compost, produit par le Centre de Recherche en Gestion des Déchets (CREGED), sur le rendement de la production de la pomme de terre à Timbi-Madina sera mis en relief par une étude comparative des taux de production obtenus sans et avec amendement du sol.
2. MATERIELS AND METHODES 2. MATERIELS AND METHODES 2.1 Présentation de la Zone d’étude de Timbi-MadinaTimbi-Madina est une sous-préfecture de la préfecture de Pita en Guinée. Elle est située à 390 kilomètres de la capitale Conakry, dans le Fouta-Djallon profond, limitée de la région de Labé par le fleuve Kassa. Timbi est situé à une altitude variant entre 900 et 1 200 m. Historiquement, Timbi-Madina est une ville qui faisait partie des 9 provinces du Fouta théocratique et avant la colonisation de la Guinée, Timbi occupait une place importante dans ce royaume. A vocation agro-pastorale, Timbi-Madina est le premier producteur de pomme de terre en Guinée avec 70 % de la production nationale pour une population de 55 601 habitants en 2016. En effet, Timbi dispose d’une vaste plaine couvrant environ 30 000 ha ainsi que des bas-fonds propices au développement de la culture de la pomme de terre. Cette zone totalise 70 ha de plaines et 35 ha de bas-fonds qui sont aménagés et exploités pour la culture de pomme de terre [10]. Les producteurs, dans leur grande majorité, évoluent au sein des groupements affiliés à la Fédération des Paysans du Fouta (FPFD). Dans cette localité, des migrants de retour associés à des membres de la communauté ont également choisi la culture de la pomme de terre comme projet de réintégration avec l’appui de l’OIM.2.2 Production du compost par le CREGEDLe processus de production du compost à partir des déchets biodégradables comprend plusieurs étapes consécutives. La Figure 1 illustre le processus de compostage utilisé selon la méthode ANDAIN [13,14]. La transformation des matières biodégradables (déchets) en compost fin peut être résumée en huit (08) étapes principales :Collecte et transport des déchets : cette étape consiste à ramasser les déchets soit dans un dépotoir ou sur les abords des marchés et les transporter sur le site de production de Lansanayah (Commune de Matoto, Conakry);Triage : le triage consiste à séparer les différents constituants des déchets afin de récupérer la fraction « biodégradable ». En effet, cette étape est une suite logique d’un tri à la base (lors du prélèvement) ;Mise en couche : c’est une opération qui consiste à mettre en couche (en tas) la fraction biodégradable obtenue après le triage sur la plateforme de production préalablement aménagée ;Arrosage : c’est l’étape au cours de laquelle on procède à l’humidification des différentes couches de matière biodégradable (déchets). Cette humidification permet de créer les conditions d’une décomposition accélérée des déchets. L’arrosage se fait chaque deux jours jusqu’à la maturité ;Retournement : comme son nom l’indique, le retournement consiste à faire passer la couche interne à l’extérieur et inversement. Il se fait deux fois par mois jusqu’à la maturité, c’est-à-dire jusqu’à la décomposition complète des matières biodégradables. A la maturation, il n’y a plus de dégerment gazeux et le produit prend une couleur noire (compost mûr) ; Séchage : c’est l’opération qui consiste à étaler le compost mûr, mais humide, à l’air libre sur une aire plane jusqu’à l’obtention du compost sec ;Tamisage : il consiste à faire passer le compost sec au travers un tamis de mailles carrées de 2 mm de diamètre après broyage. Cette étape permet l’obtention d’une fine poudre de compost ; Emballage : dernière étape du processus de compostage ; il consiste à la mise en sac du produit obtenu.Figure 1 : Schéma du protocole de compostage par la méthode ANDAIN.2.3 Caractérisation du compostL’analyse chimique du compost a été effectuée au laboratoire du Service National des Sols (SENASOL). Elle a pour but de déterminer la teneur en azote assimilable, en potassium et en phosphore sous forme oxyde.2.4 Amendement du sol par le compostLa production de la pomme de terre à Timbi-Madina se fait suivant des étapes successives, allant de la préparation des plants à l’entretien des cultures en passant par l’amendement du sol. La préparation des plants se fait à partir des tubercules de semences obtenus après le tri des pommes de terre destinées à la consommation. La mise à terre de la semence est effectuée après pré-germination. Dans le cadre de cette expérimentation, le sol est préparé manuellement par la mise en place de tapades, à l’image de la grande majorité de producteurs et groupements de base. Dans le cadre de l’expérimentation du compost sur la culture de la pomme de terre, trois (03) essais ont été réalisés sur trois périodes (P1, P2 et P3) de production. Ces différents essais avaient pour but l’obtention d’une dose optimale (DO) de compost par unité de surface cultivable. En lieu et place du fumier correctif et des engrais chimiques, du compost fin a été appliqué sur le champ d’expérimentation. Trois (03) doses de compost composées de trois ratio (r1, r2 et r3) chacune, ont été ainsi utilisées, au cours des différentes périodes d’essais. Cette variation de doses de compost est effectuée dans le but d’évaluer son effet sur le rendement et d’obtenir une dose optimale. Le Tableau I présente les différentes doses de compost exprimées en termes de ratio (Kg/m2). Un essai à blanc (sans compost, mais avec du fumier et d’engrais chimique) a été réalisé parallèlement pour des fins de comparaison.Tableau 1 : Le tableau montre les doses de compost utilisées.PériodesDoses de compost en Kg/m2
RatiosD1D2D3
P1r10,300,400,50
P2r20,500,751,00
P3r31,001,201,50
P : Période d’essai; D : Dose de compost ; r : ratio.Tout au long des périodes d’expérimentations, la quantité de semence par superficie est restée constante. L’expérimentation a été effectuée dans la même zone en vue de favoriser la sédentarisation et l’intensification de la production de pomme de terre. Avec une variation progressive de la dose de compost, D1, D2 et D3, une superficie de 750 m2 a été fertilisée ; une autre de 250 m2 a servi d’essai à blanc (avec du fumier et de l’engrais chimique) pour des fins de comparaison sur un total de 1000 m2 tel que présenté par le Tableau 2.Après le semis, le champ d’expérimentation a été irrigué par arrosage à la main conformément aux pratiques paysannes les plus fréquentes. Dès le jeune âge des plants, le champ d’expérimentation est entretenu en procédant au rebutage et au désherbage, 35 jours après la plantation. Cette opération est périodique et continue jusqu’à la récolte.Tableau 2 : Le tableau montre la superficie expérimentée et quantité de compost utilisée.DosesRatiosCompost (Kg)Superficie (m2)
D1r175,00250
r2125,00
r3250,00
D2r1100,00250
r2187,50
r3300,00
D3r1125,00250
r2250,00
r3375,00
Total1787,50750
D : Dose de compost ; r : ratio.La récolte a lieu à la maturité des plants ; c’est-à-dire, lorsque le jaunissement et l’assèchement du plant sont observés. L’opération de récolte manuelle est conduite avec beaucoup de précaution pour éviter, autant que possible, de blesser les tubercules. Elle est suivie du tri manuel et de la pesée en plein champ. Le rendement (R, en Kg/m2) a été évalué pour chaque dose utilisée en effectuant le rapport (équation 1) :R=Q/S (1)Avec :Q : quantité de pomme de terre produite, en Kilogramme (Kg) ;S : Surface expérimentée, en mètre carré (m2).La dose optimale (DO) est évaluée en fonction du rendement (R) en tenant compte du taux de production habituelle par utilisation du fumier et de l’engrais chimique. Cette DO doit satisfaire à la condition suivante :RDO ≥ R(ref.) (2)Avec :RDO : rendement obtenu avec la dose optimale,R(ref.) : rendement de référence obtenu avec le fumier et l’engrais chimique.
3. RESULTATS ET DISCUSSION3. RESULTATS ET DISCUSSION3.1 Composition chimique du compostLa Figure 2 présente l’aspect de la poudre de compost obtenue sur la plateforme compostière de Lansanayah installée par le Centre de Recherche en Gestion des Déchets (CREGED). Sa composition chimique est illustrée par le Tableau 3.Figure 2 : La figure montre l’spect de la poudre du compost tamisé.Tableau 3 : le tableau montre la composition en éléments fertilisants du compost.Eléments fertilisantsN2 (Assimilable, en Méq/Kg)P2O5 (Ppm)K2O (Méq /100g)
Fraction247,558,02,2
Au regard du Tableau 3, le compost préparé par le CREGED pour l’amendement du sol est riche en azote assimilable, en phosphore et en potassium ; éléments fertilisants majeurs. La teneur en azote assimilable dans ce compost de 247,5 Méq/Kg. Cette teneur est largement suffisante pour contribuer à la formation du feuillage et au développement des tubercules. La teneur en phosphore en termes de P2O2 est de 58 ppm ; son apport par épandage, malgré une teneur relativement faible, permet à la pomme de terre de développer son système racinaire [15, 16]. Il doit donc être présent dès le début de la culture et par la suite, il favorise la formation de l'amidon et son stockage. Le potassium présent dans ce compost est sous sa forme oxyde (potassium oxyde), K2O avec une teneur de 2,2 Méq/100g d’échantillon. Ce nutriment va permettre une bonne hydratation du plant et favoriser le processus de tubérisation ; c’est-à-dire, la formation des tubercules de pomme de terre. Sa présence, même à faible dose, accroit également la capacité de défense naturelle de la jeune plante [5, 6, 7].Il est connu que la pomme de terre a un système racinaire peu développé et c'est dans les 60 cm autour d'elle qu'elle va devoir trouver les nutriments qui sont nécessaires à son développement [8]. C'est pourquoi la fertilisation est aussi importante, même dans un sol fertile. Elle a des besoins très spécifiques en azote, phosphore et potassium pour son développement et pour la qualité des tubercules. Cette composition chimique du compost, préparé par le Centre de Recherche en Gestion des Déchets (CREGED), pourrait favoriser le développement des plants et améliorer le rendement à l’hectare tel que cela a été observé ailleurs par d’autres travaux de recherche [2].3.2 Effet du compost sur le rendementL’utilisation du compost pour la production de la pomme de terre a eu plusieurs effets positifs. Un développement harmonieux des plants (Figure 3) a été observé.Figure 3 : Champ d’expérimentation : a) Panneau de reconnaissance ; b) observation sur l’évolution des plants.Les observations phénologiques ont permis de constater un développement végétatif des plants en fonction des doses de compost appliquées. La hauteur des plants, la couleur verdâtre et l’épaisseur des feuilles augmentent avec le ratio (r) ; c’est-à-dire, la quantité de compost (Kg) par unité de surface (m2) traitée. L’abondance en azote assimilable pourrait être responsable de ce développement des plants [6]. Le Tableau IV présente les résultats obtenus lors de l’expérimentation du compost sur la culture de la pomme de terre.Tableau 5 : le tableau montre les résultats de l’expérimentation du compost sur la culture de pomme de terre. PériodesP1P2P3
Rendement R (Kg/m2)Dose de compost(D1)r0,300,501,00
R2,503,504,50
Dose de compost(D2)r0,400,751,20
R3,004,006,80
Dose de compost(D3)r0,501,001,50
R3,504,506,50
Essai à blancR5,505,205,50
r : ration (en Kg de compost par m2) ; R : Rendement ( en Kg de pomme de terre par m2).La Figure 4 présente l’évolution du rendement (R) au cours des trois (03) périodes d’essais pour la dose D1 appliquée avec les ratios r1 = 0,30 ; r2 = 0,50 et r3 = 1,00. L’application de cette dose favorise un rendement R progressif avec la variation du ratio. Les rendements obtenus sont de 2,50 ; 3,50 et 4,50 Kg/m2. Cependant, pour l’ensemble des périodes d’essais, ces rendements sont inférieurs à ceux obtenus par utilisation de fumier et d’engrais chimique. Avec r1 (P1), un écart de 54,55 % est observable, alors que r3 (P3) donne un rendement de 4,50 Kg/m2, soit un écart de 18,18 %. Figure 4 : Evolution du rendement avec la variation de D1.Ces rendements obtenus avec cette première dose (D1), malgré leur caractère progressif, restent inférieurs à ceux obtenus par l’utilisation des engrais chimiques. Les écarts observés en termes de rendement pourraient s’expliquer par l’insuffisance d’éléments nutritifs apportés au sol par la dose D1 [17, 18].La recherche d’une dose optimale pour améliorer le rendement au m2 a induit à l’emploi de la dose D2. La Figure 5 illustre l’évolution du rendement au cours des différentes périodes d’essais avec la deuxième dose. Il ressort de ces résultats une amélioration du rendement par rapport à D1. Pour la période P1, un rendement de 3,00 Kg/m2 a été obtenu, contre 4,00 et 6,80 Kg/m2 aux périodes P2 et P3 respectivement.L’emploi de la dose D2 a contribué à l’augmentation du rendement de 23,64 % à la période P3 ; soit 6,80 Kg/m2 pour r3 = 1,20 contre un rendement de 5,50 Kg/m2 obtenu avec l’engrais chimique. Par ailleurs, une croissance de 70 % du rendement est observable avec la variation du ratio de 0,75 à 1,20 respectivement entre P2 et P3 pour la dose D2. Ce qui permet de se projeter sur la variabilité du rendement en fonction des ratios entre deux périodes d’essai. En conséquence, l’utilisation de 1,20 Kg de compost par m2 de terre cultivable pourrait apporter les éléments nutritifs nécessaires au développement des plants et à leur productivité [2].Figure 5 : Evolution du rendement avec la variation de D2.Ces différents constats mettent en évidence l’efficacité de la dose D2 et son utilisation comme alternative aux engrais chimiques en vue d’améliorer le rendement et de vulgariser une agriculture intelligente et écologique [19, 20]. L’emploi d’une troisième dose (D3) a été mise en œuvre pour explorer davantage l’optimisation de l’utilisation du compost. La Figure 6 illustre l’évolution des rendements obtenus pour D3 au cours des périodes d’essais P1, P2 et P3.Figure 6 : Evolution du rendement avec la variation de D3.Avec les ratios r1 = 0,50 ; r2 = 1,00 et r3 = 1,50, les rendements respectifs sont de 3,50 ; 4,50 et 6,50 Kg/m2. A l’image de la dose D2, une augmentation du rendement a été observée au cours de la période P3 avec un taux de croissance de 18,18 % comparé au rendement obtenu avec l’engrais chimique. Il a été constaté également que ce taux de croissance reste inférieur à celui obtenu avec la dose D2. Entre les périodes P2 et P3, la variation du ratio (r) entraine une augmentation du rendement (R) de 44,44 % ; ce qui permet d’affirmer, à l’image de D2, que D3 pourrait également être une alternative aux engrais chimiques pour des ratios r ≥ 1,20.Cependant, le ratio (r3 = 1,20) pour la dose D2 favorise le meilleur rendement au m2 comparé au ratio (r3 = 1,50) de la dose D3. L’écart entre ces deux ratios est de 0,30 Kg/m2 ; soit 4,41 % de régression du rendement pour un ratio de 1,50. Cet abaissement pourrait s’expliquer par l’utilisation excessive de compost pouvant entrainer une faible assimilation d’éléments nutritifs par les plants [21, 22]. On assiste alors à l’eutrophisation et à l’affaiblissement du système de production [23]. Ce constat est en accord avec les observations phénologiques faites sur le champ d’expérimentation (Figure 2b).3.3 Dose optimale de compostLa Figure 7 permet de mettre en lumière l’effet de la variation du ratio sur le rendement et de prévoir la dose optimale (DO) requise. L’analyse de cette figure a permis d’évaluer les taux de croissance du rendement en fonction de la variation du ratio pour chaque dose. On obtient 80 %, 126,66 % et 85,71 % respectivement pour D1, D2 et D3. La dose optimale de compost est obtenue avec les ratios de 1,20 (D2) et 1,50 (D3) pour lesquels des rendements de 6,80 et 6,50 Kg/m2 ont été observés.Figure 7 : La figure montre l’effet de la variation du ratio sur le rendement.5. CONCLUSIONL’étude expérimentale sur l’utilisation du compost produit par le CREGED sur la culture de la pomme de terre à Timbi-Madina (Guinée) avait pour objectif l’obtention d’une dose optimale en vue d’améliorer le rendement agricole. Pour y arriver, trois doses de compost ont été appliquées avec des ratios différents sur une superficie totale de 750 m2. Il ressort de cette étude, effectuée en trois périodes ce qui suit :le rendement maximal (4,50 Kg/m2) obtenu avec la première dose (D1) reste inférieur à celui obtenu par l’utilisation de fumier et d’engrais chimiques (5,40 Kg/m2). Les écarts observés pourraient s’expliquer par l’insuffisance d’éléments nutritifs apportés au sol par la dose D1 ;l’utilisation d’une deuxième dose (D2) s’avère efficace avec un rendement de 6,80 Kg/m2 ; soit une augmentation de 23,64 % par rapport à l’emploi d’engrais chimiques. Ce rendement est obtenu par utilisation d’un ratio de 12 tonnes de compost par hectare. Ce constat met en évidence l’efficacité de la dose D2 et son utilisation comme alternative aux engrais chimiques en vue d’améliorer le rendement ;la troisième dose D3 favorise une augmentation de 18,18 % sur le rendement avec 6,5 Kg/m2 de produits contre 5,40 Kg/m2 obtenus habituellement. Ce rendement est obtenu pour un ratio de 15 tonnes de compost par hectare ;l’utilisation de 12 tonnes par hectare ; c’est-à-dire, r2 de la dose D2, conduit au meilleur rendement (68 T/ha) comparé à la dose D3 pour laquelle il a fallu 15 tonnes de compost par hectare pour obtenir un rendement de 65 tonnes de pomme de terre à l’hectare. L’ensemble des résultats obtenus par utilisation des doses D1, D2 et D3 ont permis ainsi la mise au point d’une dose optimale DO de 12 tonnes de compost par hectare de terre cultivable avec une valeur ajoutée de 14 tonnes de pommes terre.Conflit d'intérêts : Les auteurs déclarent qu’ils n’ont aucun conflit d’intérêts.Remerciements : Les auteurs expriment leur gratitude au Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MESRSI) de Guinée et à la Direction Générale de la Recherche Scientifique (DGRS) pour avoir mis à disposition les ressources nécessaires pour la réalisation de ce travail expérimental.6. REFERENCES [1] FAO. Nature et Faune : Améliorer la gestion des ressources naturelles pour la sécurité alimentaire en Afrique, 2016. 30p.[2] Ngoyi, A. N., Masanga, G. K., Bila, H. M., Yashima, A. Y., Milambo, M. M., Ndjibu, L. N., and Baboy, L. L. 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