American Journal of Innovative Research and Applied Sciences. ISSN 2429-5396 I www.american-jiras.com
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| Edoun Emmanuel Guy
1
| and | Mongbo L. Roch
1
|
1.
Université d'Abomey-Calavi (UAC) | Ecole Doctorale Pluridisciplinaire | Laboratoire d'Analyse des Dynamiques Sociales et des Etudes du
Développement (LADYD) | Abomey-Calavi | Bénin |
| Received | 22 June 2018 | | Published 23 June 2018 | | ID Article | Edoun-ManuscriptRef.1-ajira230618 |
Résumé
Introduction: A l'intérieur des pays dits de "confort alimentaire" ou de sécurité "alimentaire apparente", il existe des poches
d'insécurité alimentaire critique où la dégradation des conditions de vie des ménages a des conséquences lourdes sur leurs capacités à
accéder régulièrement, quantitativement et qualitativement aux denrées alimentaires. Karimama, Commune située au Nord-est du
Bénin à la frontière du Niger et du Burkina-Faso, est l'une de ces poches d'insécurité alimentaire criarde. Dans cette région
l’insécurité alimentaire chronique et conjoncturelle sont de plus en plus entremêlées et s’alimentent entre elles, une culture de
résilience qui prend en compte les dynamiques socioculturelles s'avèrent nécessaire. Objectifs: C'est pour appréhender ces
dynamiques que cet article s'est fixée pour objectif d'identifier les systèmes sociaux déterminant la résilience à l'insécurité alimentaire
des ménages vulnérables dans la commune. Méthodes: A travers une approche qualitative se basant à la fois sur les travaux
théoriques d'Amartya SEN, les "capabilités" et sur ceux de Wax WEBER, le "sens de l'action sociale", l'étude a été conduite au niveau
village et au sein des ménages vulnérables. Résultats: Il ressort que dans la commune de Karimama, le paysage des risques est
assez vaste. La fréquence des chocs et la réalisation des risques qui fragilisent les moyens d'existence des populations duisent ainsi
la structure de capabilités des ménages vulnérables. Cette situation devenues structurelle a amené les ménages, malgré la limite des
opportunités que leur offre leur environnement, à développer, en puisant dans leur système social, des stratégies et des ressources
leur permettant de s'assurer leur alimentation, peut-être défaillante, mais régulière. Conclusion: La construction de la résilience en
sécurité alimentaire et nutritionnelle devraient s'appuyer sur ces dynamiques sociales pour des résultats plus conséquents.
Mots clés : action sociale, résilience, savoirs locaux, sécurité alimentaire et Bénin.
Abstract:
Background: There are pockets of critical food insecurity in countries known as “food comfort”, or “apparent food” security, where
the deterioration of households living conditions has some serious implications for their abilities to access quantitatively and
qualitatively to foodstuffs. Karimama, a Commune situated in the North-West of Benin at the border between Niger and Burkina Faso is
one of the pockets of insistent food insecurity. In this region, where chronic and cyclical food insecurity is increasingly intermingled and
feeding on each other, a culture of resilience that takes into account socio-cultural dynamics is proved to be requisite. Objectives: It
is from this point of view that this article has as objective the identification of the social systems that determine the resilience to food
insecurity of vulnerable households in the Commune. Methods: Through a qualitative approach based on at the same time on the
theoretical works of Amartya SEN, the “capabilities” and Wax WEBER’s the “sense of social action”, the study was conducted at the
level of the village and within vulnerable households. Results: It is clear that the risks are quite extensive. The frequency of shocks
and the realization of risks weaken the livelihoods of populations, thus reducing the capabilities structure of vulnerable households.
This situation which has become structural, has led households despite the limitation of opportunities offered by their environment to
develop strategies and resources from their social systems to ensure their food supply which may be failing but regular. Conclusion:
The construction of resilience in food and nutrition security should be based on these social dynamics for greater results.
Key words: Social action, resilience, local knowledge, food security and Benin.
1. INTRODUCTION
Bien que le nin soit un pays côtier, la sécurité alimentaire et la malnutrition demeurent un problème dans plusieurs
régions l’incidence de la pauvreté reste très élevée et les phénomènes naturels tels que les inondations et les
sécheresses sont récurrents. Ces risques donnent lieu à des conditions de vie instables et à des niveaux d’incertitude
accrus pour les populations locales. A cause des pressions sociales, économiques, environnementales et politiques au sein
de la société, les pratiques pour gérer ces risques échouent car au cœur de nombreuses catastrophes naturelles, on
trouve rarement des causes uniques mais plutôt des dimensions et des facteurs interagissant et interdépendants » [1].
Mais lorsque des situations difficiles se présentent, l’être humain trouve des moyens pour se relever. Certes, les capacités
ORIGINAL ARTICLE
LES ACTIONS SOCIALES ET LA RESILIENCE EN SECURITE
ALIMENTAIRE DES MENAGES VULNERABLES: CAS DE LA COMMUNE
DE KARIMAMA AU BENIN
*Corresponding Author and Author Copyright © 2018: Edoun Emmanuel Guy. All Rights Reserved. All articles published in American Journal of Innovative Research
and Applied Sciences are the property of Atlantic Center Research Sciences, and is protected by copyright laws CC-BY. See: http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/.
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sont différentes d’un individu à un autre, d'un groupe social à un autre mais quoiqu’il en soit, chaque entité possède un
bagage de vie qui lui permet d’utiliser des éléments positifs qui l’aideront dans les moments difficiles. En nous amenant à
reprendre du pouvoir sur notre vie et à ne pas rester dans une position de victime après un coup dur, la résilience fait
appel à nos ressources, aux parties saines qui existent en nous [2]. Les stratégies fines et très diversifiées que les
populations mettent en place pour prévenir, ou faire face à une crise indiquent leur capacité ou l’espace des capabilités
dont dispose des groupes et des individus. Plus la structure des capabilités sera forte et diversifiée, moins l’individu sera
vulnérable [3]. La résilience est un concept composite. Il intègre des facteurs environnementaux, sociaux, économiques,
politiques, démographiques, culturels, et de genre dans la description de la capacité à récupérer, à s’adapter et à évoluer
dans le sillage des chocs périodiques [4]. Le concept de silience aide à repenser conjointement les interventions
d’urgence et d’aide au veloppement pour mieux prendre en compte les dynamiques en présence à plusieurs échelles,
les trajectoires longues et les temps courts ainsi que la multiplicité et l’imprévisibilité des chocs que subissent les
populations les plus vulnérables [5]. C'est ce qui explique que les interventions qualifiées de renforcement de la résilience
font appel le plus souvent à des transferts de biens (intrants par exemple) ou d’argent dits transferts sociaux ciblés sur
des individus ou des ménages [6,7]. En effet, la fourniture du soutien aux Moyens d'Existence a un impact positif sur
l’autonomie des personnes et leur permet de s’assurer leur autosuffisance et de rompre avec les dynamiques de
dépendance. Mais, cet appui se fait, le plus souvent, au détriment des pratiques et dynamiques locales ainsi certaines
réponses pouvant augmenter les vulnérabilités des autres. C'est pour corriger cet aspect qu'a émergé le plaidoyer pour
coupler les interventions spécifiques de sécurité alimentaire à d’autres telles que des interventions de prévention et
gestion des catastrophes naturelles [8,9,10], de réponses au changement climatique [11,12,13] prenant en compte les
dimensions tant économiques, que politiques, sociales, culturelles et naturelles [14]. Malgré ces efforts, la détermination
de la résilience des ménages en curité alimentaire se fait par des approches trop quantitatives qui se focalisent sur les
catastrophes naturelles et les solutions en infrastructure physique sans porter l’attention nécessaire sur le vécu subjectif
des personnes et l’expérience des acteurs locaux. Il s'avère important alors de réfléchir aux implications de la prise en
compte des systèmes sociaux dans le renforcement de la résilience à la sécurité alimentaire des ménages vulnérables.
L'analyse des systèmes sociaux se rapportent aux réalités changeantes des populations locales, leurs savoirs et pratiques
en ce qui concerne la gestion des risques et des crises alimentaires, ainsi que des solutions stratégiques à long terme. À
cet égard, renforcer la résilience signifie repenser et transformer les relations et les institutions de telle manière que les
acteurs pertinents assument leurs rôles et leurs responsabilités avant, pendant et après les catastrophes naturelles
(induites par le climat) dans un environnement toujours changeant. C'est pour cette raison que cet article se fixe pour
objectif d'identifier les systèmes sociaux terminants la résilience à l'insécurité alimentaire des ménages vulnérables de
la commune de karimama; une commune située au Nord-est du Bénin. Si l'on considère le caractère structurel des crises
alimentaires et nutritionnelles dans la Commune et la multitude d’initiatives lancées par un large éventail de partenaires
au développement ayant pour objectif lutte contre l'insécurité alimentaire et la malnutrition, on se rend compte qu'il est
nécessaire de trouver les dynamiques socioculturelles qui visent à renforcer lasilience dans la Commune. L'analyse des
actions sociales terminant la silience s'articule autour de trois principales idées: l'analyse du paysage des risques
dans la commune, la détermination des structures des capabilités des nages et l'densification des actions sociales des
différents acteurs de développement, actions qui participent de la construction de la résilience dans la commune.
2. MATERIELS AND METHODES
Le milieu d'étude et l’échantillonnage des ménages enquêtés, la collecte et l’analyse des données sont les étapes crites
dans cette partie méthodologique.
2.1 Milieu d'étude et échantillonnage
L'étude a été conduite dans la Commune de Karimama située entre 12°4’0’’ de latitude Nord et 3°10’60’’ de longitude Est.
Son altitude moyenne est de 200 m au-dessus du niveau de la mer dont elle est à plus de 773 km à vol d’oiseau. Le
climat de la Commune est de type sahélo-soudanien marqué par une saison sèche de Novembre à Avril. La Commune se
trouve dans la vallée du Niger qui va de Kargui jusqu’au Mékrou. Le relief est dans l'ensemble peu accidenté avec une
extension terminale de la chaîne de l'Atacora au Sud-Ouest de la zone. Karimama dispose d’une importante superficie de
basfonds, d’un important seau hydraulique (fleuve Niger, Mékrou, Alibori), du Parc W et d’autres aires protégées
(rôneraie de Goroubi) et d’un gisement de fer à Loumbou-Loumbou. La Commune de Karimama occupe une superficie de
6 102 km2 dont 40.000 ha de terres cultivable. Elle est limitée au Nord par le fleuve Niger (frontière naturelle), au Sud-
ouest par la Commune de Banikoara, au Sud-est par la Commune de Kandi, à l’Est par la Commune de Malanville et à
l’Ouest par le Burkina-Faso. Ces caractéristiques sont à la fois un atout et une contrainte pour la sécurité alimentaire des
ménages. Nous avons mené une étude qualitative utilisant des groupes de discussion et des entrevues individuelles semi-
structurées. Les données ont été recueillies dans le cadre de notre recherche en thèse et d'une enquête préalable d'«
Household Economy Approach (HEA), réalisée par la PBSA (Plate-forme Béninoise pour la Sécurité Alimentaire). Le niveau
d’observation est le ménage. 530 ménages ont été enquêtés, repartis dans quatorze villages vulnérables. La sélection des
villages d’enquêtes s'est fait par choix raisonné.
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2.2 Collecte et analyse des données
Pour la collecte des données sur le terrain, la technique de l'entretien semi structuré avec les ménages et de l'enquête au
niveau communautaire a été adoptée. L'entretien avec les ménages est orienté sur les conditions de vie, les revenus et le
détail des activités productives et alimentaires. L’enquête au niveau communautaire a permis de recueillir les informations
sur les infrastructures existantes : présence de services publics, desserte en transports, marchés, enclavement. Mais, au-
delà de ces aspects descriptifs, certains modules de l’enquête ont abordé les risques sur la production, les problèmes
d’insécurité, le capital social et le niveau socioéconomique de la population. Ces informations ont été recueillies auprès
d’informateurs privilégiés (instituteurs, maires, agents déconcentrés de services publics) ou encore sous forme de « focus
group » de 6 à 8 personnes rassemblées de façon formelle. Les informations recueillies par questionnaire sont
essentiellement qualitatives, mais elles sont croisées avec des données quantitatives (pluviométrie, relevés de prix sur les
marchés, données de malnutrition, etc.). Les objectifs sont d’estimer l’évolution de la production vivrière et les problèmes
qu’elle rencontre (sécheresse, inondation, attaques et contraintes de tout genre), mais aussi de suivre l’offre de produits
alimentaires de base sur les marchés ainsi que les tensions sur les prix. Il sont aussi repérés des indicateurs pertinents
qui marquent le signe d’un début de crise: décapitalisation des actifs des ménages, pression sur les moyens d'existence,
stratégies d'adaptation en cas de chocs ou mouvements de population. Enfin, les données dépouillées, traitées ont été
analysées à l’aide du logiciel SPSS 21 pour la réalisation des tableaux et figures. Enfin une analyse historique complétant
celle statistique a permis de mettre en exergue les différents facteurs ayant permis aux ménages de faire face aux
diverses contraintes qui se présentent à eux et de faire sa prise alimentaire malgré l'hostilité de l'environnement.
3. RESULTS
1. Le paysage des risques d'insécurité alimentaire dans la commune
Dans la Commune de Karimama, les ménages sont soumis à différents types de risque, de nature, de gravité et de
périodicité différente. Les facteurs de risques de ménages se présentent sous deux formes: structurelle et conjoncturelle.
La connaissance des facteurs de risques permet aux ménages non seulement d'identifier les causes mais aussi de
comprendre pourquoi elles sont exposées à ces risques.
1.1. Les facteurs structurels de risques d'insécurité alimentaire
Les facteurs démographiques, l’accès à la terre, la faible production agricole, l’enclavement de la commune, l’accès aux
infrastructures de base, et les conflits entre producteurs-éleveurs constituent des facteurs structurels de risque
d'insécurité alimentaire dans la commune. Karimama a une population estimée à 76142 habitants en 2017, avec un taux
de croissance de 3,1 % [15],. Cette population a pratiquement doublé en 15 ans puisqu’en 2002, elle était estimée à
39579 habitants. Cette croissance démographique galopante exerce une forte pression sur les ressources foncières
limitées. Cela se traduit par le morcèlement des terres cultivables qui ne dépasse guère 0,5 ha en moyenne par ménage.
Au problème préoccupant de la démographie et de manque de pâturage s'ajoute la plus grande difficulté, la Réserve
Transfrontalière de Biosphère du W (RTBW) qui occupe les cinq sixième (5/6) de la superficie totale de la commune. Le
Parc W en effet, réduit la zone « habitable » de la Commune à une bande d’au plus 15 km de large le long du fleuve
Niger, 469 km² des 6 102 km² de superficie totale. La densité moyenne de la population est ainsi de 84,39
habitants/km². Elle est forte d’autant plus pour une population agricole et une Commune perçue comme la porte d’entrée
de la transhumance transfrontalière. La taille moyenne des ménages ruraux est de 7,4. La duction des moyens de
production a une incidence négative sur la productivité agricole dans la mesure où les productions couvrent à peine sept
(07) mois de besoins dans l'année et la commune est dépendante par rapport à l'alimentation.
Puisque le Parc W occupe les 5/6 de la superficie totale de la commune, le 1/6 restant est destiné à la fois à l'habitation,
l’Agriculture et l’élevage. La surface cultivable s’estime à 1/10 des terres de la commune, sa gestion est la source de
fréquents conflits entre agriculteurs et éleveurs (tableau I).
Tableau 1 : Nombre de couloirs de passage et nombre moyen de conflits entre agriculteurs et éleveurs.
Arrondissements
Nombre de cas de divagations des bêtes dans les champs
Réglés à la
brigade/police
Réglés à
l'amiable
Nombre total de
cas
Karimama centre
4
3
7
Kompa
5
4
9
Monsey
0
4
4
Bogo-Bogo
8
4
12
Birni Lafia
3
10
13
Total
20
25
45
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L'insuffisance de couloirs de passage dans la commune et le non-respect de ceux qui existent par les agriculteurs
constituent la raison évoquée pour justifier les cas de divagation que l’on enregistre au moment des récoltes, de
novembre à janvier. Ces conflits du fait des pertes énormes de temps et d'argent constituent d'importants facteurs de
vulnérabilités des ménages. Le renforcement de la résilience des populations passe également par l’accès aux
infrastructures de base (les routes, les pistes de desserte, les équipements de stockage, les écoles, les centre de santé,
etc.). La commune est accessible par voie terrestre en latérite à partir de Guéné (43 km) et par voie fluviale sur le fleuve
Niger à partir de la commune de Malanville. Mais la voie terrestre en latérite de Guéné est totalement gradée et pour
une distance de 43 km, il faut plus de trois (03) heures en véhicule pour la parcourir. Cette pénibilité d'accès à la
commune crée son enclavement et limite par conséquent l'accès des ménages au marché. En ce qui concerne les centres
de santé dans la commune, leur nombre est très limité. La commune, toute entière, ne dispose que de six (06)
formations sanitaires composés d’un (01) centre communal de santé (CCS) et de cinq (05) dispensaires et unités
villageoises de santé. Le personnel exerçant est constitd’une infirmière, d'un infirmier, d'une sage-femme et aucun
médecin. Il n'y a ni laboratoire, ni technicien pour les analyses de sang. La commune souffre cruellement d’un déficit de
ressources humaines qualifiées dans le secteur de la santé. A tous ces facteurs, s'ajoute l'extrême pauvreté qui touche la
commune. L’incidence de la pauvreté monétaire
1
à Karimama est de 53,74% en 2011 alors que cela est de 41,4% et de
36,20% respectivement au niveau de département (Alibori) et au niveau national [16]. La Commune a plus de la moitié
de sa population qui vit en dessous du seuil de pauvreté et ces ménages ont un niveau de vie faible et de façon
équivalente une incidence de pauvreté non monétaire
2
de 53,4% supérieure à la moyenne nationale estimée à 44,5%.
8,5 % de la population constituée de ménages agricoles, pécheurs, éleveurs ainsi que des femmes vivent dans l’extrême
pauvreté. Cette frange de la population a un faible pouvoir d’achat et un accès réduit aux services sociaux de base. Elle
n'arrive pas toujours à assurer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle est aussi très vulnérable, puisqu'elle est la
plus exposée aux chocs qui sont des facteurs conjoncturels des crises alimentaires.
1.2. Les facteurs conjoncturels des crises alimentaires et nutritionnelles
Dans cette catégorie se classent principalement les inondations, les sécheresses, la famine, les vents forts et l'invasion
des criquets ou autres prédateurs (figure). On retient aussi les incendies et la fluctuation des prix des denrées
alimentaires comme des facteurs conjoncturels très importants influençant la prise alimentaire dans la commune.
Figure 1 : La figure montre la fréquence des principaux risques dans la commune.
Les aléas climatiques (sécheresse et inondation) constituent des causes conjoncturelles majeures de l’insécurité
alimentaire et nutritionnelle des ménages à Karimama affectant durablement les moyens d’existence des populations.
Même si certaines années (2010 et 2012 par exemple) ont été particulièrement marquées par des inondations aux
conséquences sociales et économiques désastreuses pour la commune, on constate que le phénomène succession
sécheresse - inondation est observé par les habitants en alternance. Le schéma observé ces dernières années se
présente comme suit : 2008-2009: inondation; 2009-2010: sécheresse; 2010-2011: inondation; 2011-2012: des poches
de sécheresse; 2012- 2013: inondation; 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016 : inondation. Cette situation a affecté les
résultats escomptés des différentes campagnes agricoles surtout en ce qui concerne les emblavures et les rendements et
a surtout contribué à décapitaliser les ménages vulnérables. En ce qui concerne la fluctuation des prix des denrées
alimentaires, les marchés céréaliers sont souvent caractérisés par de fortes variabilités inter annuelles, trimestrielles voir
mensuelles. Les périodes de fortes disponibilités (récoltes) sont souvent accompagnées de la chute brusque des prix dont
l’ampleur dépend de la configuration de la saison agricole selon qu’elle soit bonne ou mauvaise. Ces baisses sont
généralement suivies un moment plus tard par des hausses progressives pour atteindre un pic pendant la période de
soudure les stocks familiaux sont généralement épuisés amenuisant ainsi, le niveau de l’offre local. Mais bien que
constituant une contrainte majeure pour l'accès à l'alimentation des ménages, la concrétisation des risques n'est pas
perçue de la même manière par les populations. Pendant que certains ménages voient un avantage dans les inondations
parce qu'elle facilite l'accès à l'eau pour l'irrigation et à l'installation des cultures de crue, d'autres par contre sont très
affectés et paient des prix énormes. Cette perception différente des risques conduit à de différentes priorités quant à ce
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qui devrait être fait pour duire les risques. La conséquence est que les ménages présentent de faibles niveaux de
préparation. C'est l'une des raisons fondamentales qui réduisent les chances de réussite des systèmes d’alerte précoce.
De plus, le niveau de confiance de la population à l’égard des autorités locales et des entités responsables de la
surveillance des aléas et de la gestion des secours au niveau local, est faible. On comprend que ces risques ont
développé au sein des ménages une résistance relative et toute action d'intervention de silience doit utiliser selon les
situations la capacité de résistance et la faculté d’adaptation de la population. Mais ces actions doivent aussi tenir compte
de la structure des capabilités des ménages car plus la structure des capabilités sera forte et diversifiée, moins l’individu
sera vulnérable [3].
2. La structure des capabilités des ménages
La structure des capabilités des ménages sera analysée à travers les cinq capitaux (humain, Naturel, financier, physique
et social) des moyens d'existence. En effet, ces capitaux ou actifs pourront être convertis en capabilités en fonction des
caractéristiques personnelles des individus, des opportunités sociales et de l’accessibilité aux biens ou services.
2.1. Capital Humain : L’éducation et la santé constituent les deux piliers du capital humain. Elles représentent un
catalyseur pour l’augmentation de la productivité et contribuent pour une grande part à la sécurité alimentaire. D’une
manière générale, les indicateurs d’appréciation de la performance du système éducatif ont affiché, au cours de la
période 2014-2015, une allure peu reluisante au niveau de la commune. En effet, le taux brut de scolarisation des
enfants de la commune de Karimama est encore faible (Cible 2012 SCRP 114%). 77è sur les 77 communes que compte
le pays, la commune de Karimama a un taux net de scolarisation de 46,02 % contre 87,55 % à l’échelle nationale [17].
Pour ce qui concerne les taux de redoublement, d’achèvement et d’abandon, les statistiques montrent que la commune
présente des taux très négatifs et est la dernière commune du Département de l’Alibori et dunin. Le taux
d’achèvement dans l’enseignement secondaire est faible dans l’ensemble et est plus marqué chez les filles que chez les
garçons. En effet, moins de 40% des élèves inscrits dans l’enseignement primaire sont des filles. Cette proportion s’est
établie à 35,5% en 2013 contre 39,8%, un an plus tôt, soit un retrait de 4,3 points de pourcentage. Cela est favorisé par
la persistance de pratiques culturelles telles que le mariage précoce, mais également par le manque de suivi des parents
du fait de la précarité de leur situation sociale. Pendant ce temps, en moyenne 3 écoles primaires (privée et publique),
sont créées par année scolaire. Mais cela n’a pas encore pour autant amélioré le ratio élève-maître qui s’est
considérablement dégradé en 2013 avec environ près de 88 élèves pour un maître d’école. S’agissant de l’enseignement
secondaire, on note en 2013, l’ouverture d’un second Collège d’Enseignement Général (CEG) dans la commune de
Karimama. Il s’agit notamment du CEG de Kompa dont la création vient améliorer la disponibilité en infrastructures
éducatives. L'analyse de la situation scolaire dans la commune amène à conclure que l’influence des localités
environnantes du Niger ainsi que sa position géographique constituent des contraintes à l’amélioration des indicateurs
scolaires. Il apparaît que le vrai problème dans cette commune n’est nullement lié aux infrastructures scolaires et à leur
accès, mais plutôt à un problème de mentalité car plusieurs écoles construites ne sont jamais fréquentées. Un problème
de mentalité car la commune de Karimama est à plus de 92 % islamique. Elle est fortement influencée par l’Islam et ses
principes. Les populations perçoivent l’école formelle ou moderne comme un frein à la promotion de l’école coranique.
Dans cette perspective, l’enfant qui va à l’école formelle, développe des attitudes contraires aux prescriptions du Coran.
Ceci justifie donc la multiplicité des écoles coraniques dans lesquelles les enfants sont plus orientés au détriment de
l’école formelle. Les principales conséquences d’une telle perception sont la scolarisation, le mariage précoce des filles.
Il devient alors nécessaire de sensibiliser les maîtres coraniques et les parents sur les droits de l’enfant et l’importance de
l’école. En ce qui concerne l'alphabétisation, le taux de réussite au programme d’alphabétisation formelle au profit des
populations a évolué en dent de scie au cours des années 2013 à 2015. Ce taux est respectivement de 73,3% en 2013,
79% en 2014 et 69,1% en 2015. Quant aux femmes, leur taux de réussite au programme est passé de 61,5% en 2011 à
82,1% en 2012 puis à 69,2% en 2013, soit un retrait de 12,9 points de pourcentage par rapport à 2012. Le secteur de la
santé quant à lui est confronté essentiellement à l’insuffisance de personnel de qualité et d’infrastructures, aux difficultés
d’accès du fait de la distance, du coût des soins de santé, du mauvais accueil mais aussi du poids des croyances socio-
culturelles et de l’automédication. La situation sanitaire dans la commune de Karimama reste préoccupante et est
marquée par la prédominance de nombreuses maladies transmissibles endémiques et endémo épidémiques (paludisme,
méningite, VIH/SIDA, tuberculose, choléra, etc.) et l’émergence des maladies non transmissibles (malnutrition,
hypertension artérielle, diabète, drépanocytose, etc.). Les principales endémies dominantes et courantes dans la
commune de Karimama : le paludisme (42 %), les infections respiratoires aiguës (16 %), les maladies diarrhéiques (11
%) et les traumatismes (10 %). Les maladies à potentiel épidémique telles que la méningite, le choléra et la rougeole
sont saisonnières et favorisées par les pratiques socioculturelles, le faible niveau socio-économique des ménages. En
effet, se présenter au centre de santé est le dernier recours à faire pour les populations. La raison repose sur le fait que
les gens sont toujours habitués à fréquenter les guérisseurs traditionnels qui restent une férence. L’utilisation des
plantes médicinales reste recommandée et souvent efficace s’il ne s’agit que d’une simple maladie qui ne demande pas
d’intervention chirurgicale ou des soins intensifs. C’est aussi le cas des mères de familles qui préfèrent accoucher à la
maison. L’accouchement à domicile est une pratique très répandue. A Karimama, la présence des dépôts de médicaments
dans les petites boutiques locales reste toujours prisée parce qu’elle ne nécessite pas une consultation auprès d’un
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médecin. L’épicier joue souvent le rôle de conseiller médical en indiquant les dicaments à prendre pour des maladies
courantes comme la diarrhée, le paludisme, les maux de têtes et les maux de dents, les simples infections.
Il est indéniable d’admettre que l’éducation et la santé jouent un rôle important pour le bien-être social d’un individu. Elle
constitue un élément essentiel du capital humain. En plus l'éducation peut aider à préserver le patrimoine naturel et la
biodiversité.
2.2. Capital naturel : Les moyens d’existence dépendent aussi des ressources naturelles et celles-ci sont très
importantes dans la réduction de la vulnérabilité des ménages aux chocs et pour la construction de leur résilience. La
Commune est la porte d'entrée du désert au Bénin. Mais la zone se situe dans la savane soudanienne. Sa végétation
comprend sept formations végétales selon Szaniawsky (1982) [18]. Ce sont la forêt rizicole, la forêt galerie, la forêt
claire, la savane boisée, la savane arborée, la savane arbustive et la savane herbeuse. Les espèces végétales les plus
courantes à qui sont associées des différentes vertus (alimentaires, pharmaceutiques, cosmétiques ou artisanales) sont
les suivantes :
- Le baoabab (Adansonia digitata), espèces en rapport avec la présence humaine,
- Le Karité (Vitellaria paradoxa), utilisé pour la fabrication du beurre de karité exploité comme huile,
alimentaire et comme matière première pour les entreprises cosmétiques,
- Le Néré (Parkia biglobosa), utilisé dans la fabrication de la moutarde,
- Le tamarin (Tamarindus indica), boisson alimentaire et thérapeutique),
- Le cola (Cola laurifolia),
- Andropogon spp.
Servant de limite entre le Bénin et le Niger, le fleuve Niger traverse la commune de Karimama. Tout le long du fleuve
existe des zones humides très appréciées par des espèces aviaires et mammaliennes, la proximité du sahel fait de
Karimama un espace géographique aux potentialités éco touristiques énormes et inépuisable. On y trouve les îles aux
oiseaux, les prairies, les vues panoramiques, les embouchures des fleuves [19]. On constate l'existence remarquée des
cours d’eau (Niger, Mékrou, Alibori), de plaines inondables (Alibori et mares), de cours d’eau pour abreuver et de puits
pastoraux. De plus, la nappe phréatique est assez fournie en eau et les terres faciles à exploiter. C'est à juste titre que
Karimama est la porte d'entrée de la transhumance transfrontalière. Ce patrimoine naturel est renfor par des actions
régulières de reboisement. En effet, face aux changements climatiques et au phénomène de désertification qui touchent
la commune, 20 400 plants en moyenne ont été mis en terre dans la commune dans le cadre de la politique de
reboisement initiée par les autorités au cours de la période 2011 à 2013. Mais l'entretien de ces plants semble ne pas
être convenablement assuré. Le taux de survie des plants mis en terre au niveau de la commune ne cesse de décroître
passant ainsi de 40% en 2011 à 35% en 2012 puis 30% en 2013, soit un taux de survie médian de 35% par an.
Autrement dit, sur 100 plants mis en terre dans le cadre des campagnes de reboisement au niveau de la commune au
cours de la période 2011-2013, en moyenne 35 seulement survivent. Il reste néanmoins des efforts à fournir surtout
quand on sait que la commune subit déjà les affres de la désertification. Il va falloir accentuer davantage les
interventions dans la commune tout en mettant en place un dispositif efficace capable d’assurer une meilleure survie des
plants mis en terre et une protection des espèces en disparition. On y retrouve aussi une faune assez diversifiée
composée de grands mammifères qui participent de la diversité biologique de la Commune tout en constituant un
ferment pour le développement économique.
2.3. Capital Economique : La pauvreté est une réalité qui est vécu au quotidien dans la commune de Karimama. En
effet, plus de la moitié de la population soit 53,8% vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, 63,2 % en dessous
du seuil de la pauvreté non monétaire et 8,5 % de la population vivent dans l’extrême pauvreté (EMICoV, 2011). Ces
indicateurs montrent que le pouvoir d’achat des populations est faible et que très peu de ménages ont accès aux services
sociaux de base. Classée comme l'une des Communes les moins développées du Bénin et du département de l'Alibori, à
Karimama les ménages sont caractérisés par leur faible niveau de revenu et un déficit alimentaire. De nombreux
ménages vulnérables ont des revenus très limités et n’ont pas d'épargne ou elle est négligeable. Pour certains ménages,
les épargnes sont constituées des produits de l'élevage, ces produits sont dès lors réservés pour des situations
particulières. Ces ménages vulnérables, présentent le plus grand taux d'insécurité alimentaire et de malnutrition des
enfants de 0 à 5 ans. Autant l'épargne des ménages est négligeable, autant les crédits individuels accordés par les
structures de micro finance dans la commune sont très limités. En effet, ces trois dernières années, les montants moyens
des crédits octroyés sont de 6 685 666 FCFA pour l'agriculture/élevage; 1783 333 FCFA pour le transport; 14 625 000
FCFA pour le commerce et 1589 476 FCFA pour les autres (salariés) (Guichet CLCAM Karimama). Ces montants infimes
incluent bien les femmes et les hommes. La difficulté de mobiliser les épargnes des nages serait à l'origine de cette
faiblesse de crédits octroyés dans la commune. Mais il y a des microcrédits qui ne tiennent pas compte forcement de la
mobilisation de l'épargne des ménages ce sont les microcrédits au plus pauvres (MCPP). Ces microcrédits pratiqués entre
2010 et 2016 sont exclusivement destinés aux femmes pour le renforcement de leurs activités génératrices de revenus.
Le tableau 2 présente le niveau d'accès à ces microcrédits MCPP de 2010 à 2013 dans la commune.
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Tableau 2 : Niveau d'accès aux Micro Crédits aux Plus
Pauvres (MCPP) dans la commune de 2010 à 2013.
Année
Nombre de bénéficiaires
Montants placés
2010
1 976
59 070 000
2011
1 976
59 070 000
2012
1 976
59 070 000
2013
2 451
74 860 000
Source: Fonds National de la Micro finance.
On constate que contrairement aux institutions de micro finance classique, le nombre de bénéficiaires et les montants
placés sont relativement plus importants. Cela pourrait offrir une bonne opportunité au veloppement des activités
génératrices de revenus et du petit commerce. Et lorsqu'on sait que la Commune de Karimama dispose d’importantes
infrastructures marchandes, ces activités permettront aux ménages d'augmenter leur marge de manœuvre en cas de
choc ou de crise alimentaire.
2.4. Capital physique : Le capital physique sera apprécié à travers l'évolution des superficies cultivées et le statut des
terres (propriété, location, métayage), et ainsi l'équipement agricole et le cheptel possédé dans la commune. Ces
dernières années, les superficies des principales cultures ont très peu évolué. La moyenne des terres cultivées pour les
principales cultures sont respectivement de 1842 ha pour les cultures industrielles, 16422 ha pour les cultures céréalières,
5491 ha pour les légumineuses, 47 ha pour les Racines et tubercules et 2947 ha pour les cultures maraîchères. Les
superficies des cultures ont peu varié ces dernières années. Cela peut s'expliquer par la limite des terres disponibles dans
la commune du fait des limites fixées par le Parc W (5/6 de la superficie totale de la commune. Les nages pour la
plupart (86,1%) sont propriétaires des terres qu’ils cultivent. L’option de location de terres existe et est pratiquée par
12,6% de ménage alors que seulement 1,3% des nages ont empruntés les terres cultivées. Mais la Commune peut se
vanter de posséder quelques potentialités comme les bas-fonds au bord du fleuve Niger et de l’Alibori, propices à la
production de produits maraîchers et de pommes de terre. L'utilisation des matériels et équipements agricoles modernes
n'est pas guère répandue (tableau 3). La plupart des ménages sont encore aux outils traditionnels (houe, daba, coupe-
coupe, etc.) bien que la pratique de la culture attelée s'installe progressivement.
Tableau 3 : Nombre de matériels et équipements pour la production végétale dans la commune
entre 2012-2014.
Arrondissements
Types
Karimama
centre
Kompa
Monsey
Bogo-Bogo
Birni-Lafia
Total
Tracteur
5
50
50
0
0
5
Motoculteur
1
0
0
0
0
1
Attelage
5
0
0
0
0
5
Remorque
1
0
0
0
0
1
Charrue à socs
2
0
0
0
0
2
Pulvériseur
1
0
0
0
0
1
Charrette
155
128
170
135
168
756
Semoir à riz
1
0
0
0
0
1
Motopompe
3180
3180
Herse
1
0
0
0
0
1
Source : SCDA, 2014.
En ce qui concerne les semences, il faut remarquer qu'il y a une nette prédominance des ménages produisant eux-
mêmes les semences dans la commune (90%). La portion de ménages bénéficiant des dons en semences de la part du
Gouvernement sont infimes. Les achats de semences constituent après l’autoproduction, la deuxième principale source
d’approvisionnement en semences pour les ménages. Quant à l’utilisation de l’engrais, elle est la pratique la plus
répandue dans les communes; 42,4% des ménages sont concernés. Bien qu’en proportion faible, les ménages utilisent
différentes sortes de combinaison d’intrants en fonction de leur moyen. Ces intrants chimiques sont plus utilisés au
niveau des cultures maraîchères qui sont plus pratiquées en culture irriguées. On estime à plus de 20% des nages
agricoles pratiquant l'irrigation sur les cultures de riz et celles maraîchères. Mais l'utilisation des engrais chimiques ne se
fait pas remarquer sur le niveau des rendements qui reste globalement faible. Les principales cultures comme le maïs, le
sorgho et les racines et tubercules puis le mil, l’arachide, le coton, et dans une moindre proportion, le riz, le soja, l’oignon
et le niébé sont encore en dessous de leur rendement. Cette faiblesse du niveau de rendement des cultures vivrières
n’est pas de nature à assurer la disponibilité alimentaire tant souhaitée au niveau de la commune. En ce qui concerne la
possession du cheptel, la commune est très bien lotie. En effet, Karimama, comparé à l'ensemble du pays, détient 8,11%
des bovins, 9,73% des ovins, 16,12% des caprins, 50,64% des asines, 16,95% des équins et 7,71% des volailles (PDC,
2011). Le nombre de têtes de bovins est estimé à plus de 40000. L'élevage constitue l'un des atouts de la commune; la
richesse et l'épargne des ménages se situent à ce niveau. La plupart des ménages pratique l'élevage certes à des échelles
variées. Certains ménages (la majorité) l'élevage des petits ruminants et d'autres (les éleveurs peulh) l'élevage des gros
ruminants (bovins et ovins). Il existe dans la commune des parcs modernes de vaccination et des marchés à bétails.
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La dynamisation du secteur agricole à travers la maîtrise de l’eau, la valorisation des terres cultivables et l’aménagement
des bas-fonds en vue d’une diversification de l’agriculture et le développement de l’élevage et de la pêche pourraient
contribuer énormément à renforcer la disponibilité alimentaire dans la commune. Ceci participerait d'un rayonnement
social des ménages de la commune.
2.5. Capital Social : Cinquième pilier des moyens d'existence des populations, le capital social est plus difficile à
mesurer par rapport autres capitaux. Mais on peut avoir une idée de ce capital à travers les transferts en argent ou en
nature, la participation aux activités associatives et cultuelles (cérémonies, associations, groupements, etc.). A Karimama,
environ 2,78% des ménages ont connu le phénomène de migration et les transferts reçus des migrants restent faibles. La
valeur moyenne mensuelle des transferts de fonds est de 2133 FCFA.
Ce montant bien qu'assez faible traduit l'attachement des membres de la famille qui sont allés ailleurs, sûrement les
conditions sont bien meilleures, à ceux qui sont restés et dont les conditions sont plus précaires. Cela peut inspirer les
programmes de filets sociaux de sécurité dans la commune. La vie en communauté et des réseaux sociaux restent le
noyau de communication de l’ensemble des populations. En effet, Karimama est un pays djerma, la richesse de son
patrimoine culturel est faite de diverses pratiques de danse et d'activités traditionnelles. Chez les hommes, nous avons :
Dembé, Toutui (boxe traditionnelle), lutte traditionnelle, Takey, Gani Gobou, Sara Gani, Tchanga Gani. Les femmes par
contre s'illustrent par des danses appelées: Faade, Fonido, Kaada, lélindjé, kaka-Bojou, Bétou-Bétou, Kaour. Mais le
Guondo, chiou-watché, Kokomba sont considérées comme des danses mixtes. Ces activités et danses se pratiquent lors
des fêtes populaires ou des cérémonies comme les cérémonies des pêcheurs, des forgerons, des féticheurs, les fêtes de
la Gani et les cérémonies de Sinagbarou. Des orchestres traditionnels, dans bon nombre de villages (Tondikoaria,
Mamassy Gourma), animent les cérémonies, « bals poussière ». Ces cérémonies et fêtes populaires qui sont des
instances de distraction jouent un important rôle dans la consolidation des liens des communautés.
La commune dispose aussi de grande potentialité dans le travail des femmes ou dans leur vie associative. Plusieurs
associations ou groupements de femmes interviennent dans la production de la richesse à travers les activités
génératrices de revenus. Il s'agit principalement des associations des transformatrices de feuille d'oignons en boulettes,
des groupements de transformation de poisson et des groupements de transformation de l'arachide. Enfin on peut
considérer l'appartenance de la quasi-totalité de la population de la commune à la religion islamique comme un atout en
ce qui facilite des seaux de communication, d'échanges et de partage. Cette appartenance confessionnelle associée au
respect des aînés et à la hiérarchisation sociale dans la commune peuvent être particulièrement intéressantes en cas de
crise car elle participent du maintien de l’équilibre social.
On peut déduire que c'est à travers ses éléments historiques et socioculturels qui caractérisent la société que les
ménages vulnérables de karimama ont pu se perpétuer devant des circonstances économiques et alimentaires
particulièrement difficiles. Ces différents éléments pourraient influencer les stratégies de résilience à l'insécurité
alimentaire et nutritionnelle, tout en tenant compte de leurs aspects positifs qui pourraient constituer un atout pour une
sécurisation alimentaire dans la commune. Mais il faut que cela s'insère dans des actions positives.
3. Les actions sociales dans la commune
Les actions sociales peuvent prendre quatre formes: l'action traditionnelle, l'action affective, l'action rationnelle « en
valeur » et l’action rationnelle « en finalité » [20]. Les différents acteurs developpement reconnus par tous sont l'Etat,
la société civile, les communautés à la base et les partenaires au développement. L'analyse des actions porterait sur les
activités de ces acteurs du développement.
3.1. L’action traditionnelle : C’est un comportement guidé par la coutume ou une croyance de longue date. Il s'agit ici
de parler de la pratique de la traite des enfants, la violence faite aux femmes et la perception de l'alimentation au niveau
des ménages de la commune. Ces pratiques de longue date peuvent être vues sous plusieurs angles et pourront être
exploitées pour la résilience à la sécurité alimentaire et la nutrition.
3.1.1. Traite des enfants et autres abus : Dans la commune de Karimama, la traite des enfants est une pratique
courante. C’est un phénomène qui affecte beaucoup d’enfants et qui est particulièrement préoccupant car avec un taux
de 51%, les enfants (0 à 14 ans) constituent plus de la moitié de la population. Les déterminants de cette pratique sont
entre autres: la pauvreté des parents, la connaissance par les parents des droits des enfants, le décès précoce de
certains parents, la prévalence de la polygamie, les naissances non contrôlées, la séparation des parents et en partie la
fuite de responsabilité de certains parents, la prévalence de l'insécurité alimentaire. Les stratégies de sécurité alimentaire
doivent tenir compte de cette réalité de la commune dans les interventions. Ces stratégies doivent rechercher les aspects
positifs de cette pratique en essayant de concilier leur perception du phénomène avec celle des ménages et des
communautés. Cela permettrait d'envisager la création d'une vie plus heureuse dans la commune par des investissements
conséquents. A travers des investissements dans la création de centres d’affaires, d’entreprises, etc. la jeunesse de la
commune pourrait être récupérée et épanouie.
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3.1.2. Violences faites aux femmes : Les violences faites aux femmes tout comme la traite des enfants est un
phénomène traditionnel très fréquent dans la commune. Il se manifeste sous plusieurs formes. Les formes les plus
fréquentes ont trait aux insultes, à la privation de nourriture, au refus de paternité, aux coups et blessures infligées aux
femmes, au viol, etc. La persistance du phénomène réside dans la faible dénonciation des cas par les femmes victimes de
ce phénomène d’une part et d’autre part par la non application des textes au regard du poids des pesanteurs
sociologiques et des chefferies traditionnelles. Ces dernières le plus souvent interviennent auprès du Centre de Promotion
Sociale et de la Brigade de Gendarmerie en sollicitant leur indulgence pour se saisir des cas et procéder à des règlements
à l’amiable. Dans la commune de Karimama, la participation des femmes au processus de prise de cision est faible. En
effet, la place de la femme est celle que la société ou le chef du ménage veut bien lui donner. Elle occupe en priorité la
fonction de reproductrice avant celle de productrice. Elle est marquée par une division sexiste des rôles et ches
assignés aux enfants ; le garçon naturellement aux champs avec son papa ou à l’école, tandis que la fille est au marché
avec sa mère ou est appelée à s’occuper de ses petits frères en bas âge. Ceci justifie à biens des titres la non
scolarisation des filles et le fort taux d’analphabétisme au niveau des femmes soumises à toutes les formes de
discriminations, ce qui constitue une entrave à son épanouissement socio-économique. Mais la population des femmes
dans la Commune est d'environ 50,31 % et 22,2% des ménages sont dirigés par des femmes [15]. Il est alors évident
que des mesures appropriées doivent être prises pour permettre à la femme de la commune de vivre la plénitude de son
être et d’être épanouie. La résilience des ménages à l'insécurité alimentaire passe aussi par là. Autant, il est nécessaire
de se pencher sur la situation de la femme, il faut aussi le faire pour les personnes âgées (60 ans et plus) qui sont
confrontées à de nombreuses difficultés qui les maintiennent dans une situation de vulnérabilité qui augmentent leur
niveau d'invalidité. Les programmes de protection sociale qui garantissent une alimentation adéquate aux plus âgés
jouerait en faveur de la sécurisation alimentaire dans la commune.
3.1.3. Perception de la nourriture et habitude alimentaire : Les habitudes alimentaires relèvent prioritairement
des conditions agro-écologiques (climat, sols, saisonnalité) et dans une large mesure, des facteurs socioculturels et
anthropologiques (démographie, urbanisation, conflits, tabous et interdits, religions, mythes, caractéristiques
organoleptiques) sans compter les pressions économiques, tout ceci sur un fond de disponibilité alimentaire. En effet, les
valeurs culturelles déterminent la qualité de la nourriture nécessaire et sont aussi importantes que la simple quantité
[21].
Alors qu'en milieu urbain, manger est tout un art, chez les ménages de la commune, la nourriture sert juste à calmer la
faim. Aucune disposition particulière n'est prise pour que l'alimentation apporte à l'organisme les nutriments nécessaires
pour une vie saine et active. En général, dans la commune, deux plats sont souvent associés au cours d’un repas. Il s’agit
du « plat de sistance » fait d’aliments de base (racines, tubercules, céréales, produits amylacés) et du plat
d’accompagnement, néralement la sauce, de composition variable suivant les ethnies et les coutumes (viande ou
poisson, condiments divers, légumineuses, légumes feuilles, légumes graines, gumes fruits ou légumes racines). Mais
on fait un certain nombre d'observations:
- la primauté de la quantité sur la qualité, le plat d’accompagnement ayant selon les ménages vulnérables une valeur
accessoire. La sauce est donnée en fonction de la quantité de plat de sistance. Le fondement régissant ce
comportement est que : « la sauce, la viande, l’oeuf ou le poisson ne rassasient point, c’est la pâte ou l’igname pilée qui
rassasie » ;
- des erreurs culinaires non négligeables occasionnent d’importantes pertes de nutriments et des contaminations graves
au cours des traitements technologiques traditionnels et de la cuisson ;
- des erreurs d’appréciation des valeurs nutritives des aliments : certains aliments à l’instar des arachides, des haricots,
des légumes feuilles, de l’huile de palme, de la papaye ou des fretins sont peu appréciés alors que d’autres par contre
sont surestimés comme le sucre, le lait concentré sucré en boîte et les bouillons de cube ;
- l’inéquitable répartition des rations alimentaires entre l’homme, la femme et les enfants au sein de la famille ; ces
pratiques sont sources d’importants dégâts nutritionnels au niveau des individus et des ménages.
Ainsi, pour la construction de la résilience des ménages, il ne suffit pas seulement d’augmenter les disponibilités
alimentaires des ménages pauvres mais il faut prendre des mesures pour en assurer la salubrité, l’hygiène et la qualité au
cours des opérations de traitement, de transformation, de stockage ou de conservation ainsi que l’équité dans la
répartition intrafamiliale.
Il y a des pratiques alimentaires simples mais profitables à la nutrition humaine. Par exemple, la consommation de
certaines sauces préparées à base de feuilles, des bouillies non mélangées, le fromage de soja, l’huile rouge, etc. peut
être une source de diversification du régime alimentaire.
3.2. L’action affective : L'action affective relève des réactions instinctives. Nous parlerons ici de la croyance à la
religion musulmane qui est très répandue dans la commune.
3.2.1- La foi musulmane : On l'avait dit plus haut que dans la commune de Karimama, la population est à plus de 92%
musulmane. Le sens donné à la religion est un élément fondamental qui aide à surmonter les épreuves. Il dépend de
notre histoire, de nos valeurs, de nos croyances et nous amène à orienter ou à orienter notre vie afin que l’expérience
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douloureuse n’envahisse pas toutes les sphères de notre existence. L’adhésion à une foi est un autre moyen de façonner
la résilience dans la mesure où elle est suffisamment souple pour s’allier aux autres facteurs de protection [2]. La foi a un
effet apaisant qui apporte du réconfort et contribue à donner de l’espoir. En priant, en confiant nos problèmes ou notre
détresse à un être supérieur, en partageant notre foi avec les membres de notre famille ou les gens de notre
communauté, nous cultivons l’espérance. La recherche de l’intériorité peut aussi nous guider vers la spiritualité, vécue ou
non au sein d’une religion. La religion ou la foi peut aider à modifier notre échelle de valeurs, à relativiser l’aspect
matériel, à remettre en question notre carrière, à mieux concilier nos vies professionnelle et personnelle, à accorder plus
d’importance à l’amour, à la famille, à l’amitié et à savourer chaque moment qui passe [2]. Ainsi, la religion gule les
tensions dans les relations sociales au sein de l’économie populaire. La foi relève d'une pratique affective mais elle
conduit assez souvent à des actions rationnelles constituant le filet de sécurité de la société.
3.2.2. L'intuition d'une crise à travers des signes de la nature : Se basant sur leur vécu, les ménages ont
identifiés quelques signaux et qui de façon combinée annoncent des situations de pénurie ou de crise alimentaire. Ces
signaux sont entre autres:
- quand plus précisément à Kargui, la rivière Garou se remplit, il y a inondation cette saison-là dans le village,
- Si une année, le petit mil du Niger donne bien, aussi paradoxal qu’il soit, il ne pleut pas bien dans la commune,
- Quand les primeurs du petit mil comme c’est le cas en 2011 ne sont pas sorties au mois d’août, il y a famine cette
année-,
- si les nigérians viennent à Kargui et ailleurs acheter dans les champs comme ce fut le cas en 2010, les prix de ce fait
montent, comme en 2010 où le sac d’oignon a été acheté à 75.000 FCFA, un prix record.
- quand en novembre, la semence de pomme de terre n’est pas dans les exploitations qui vont l’utiliser, on peut
s'attendre à avoir une flambée de prix de ce produit cette année.
3.3. L’action rationnelle « en valeur » : L'action rationnelle « en valeur » est fondée sur des valeurs et ne tient pas
compte des avantages ou inconvénient qu’elle peut procurer. Les nages de Karimama en majorité sont connus pour
leur vulnérabilité structurelle à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. La malnutrition sous toutes ses formes a atteint
un niveau intolérable. La commune est frappée de façon cyclique par des catastrophes naturelles: inondations et
sécheresses. Ces indicateurs montrent une précarité de la vie dans la commune et pour tous c'est ainsi. Or, les
populations arrivent à se maintenir socialement face aux chocs, aux crises alimentaires, aux problèmes économiques et
sociaux, et cela depuis des générations. La conclusion générale à tirer de cette situation en partant de l’observation des
réalités, c'est qu’il existe un dynamisme qui se traduit par le veloppement des connaissances et des stratégies de
survie. Les pratiques des stratégies de survie ont donc permis aux ménages vulnérables de vivre et devant les chocs et
les crises, elles ont permis de survivre. Dans la commune ces stratégies de survie ou d'adaptation sont:
- dépenser des économies,
- réduire le nombre de repas journaliers,
- consommer les aliments moins coûteux,
- réduire la quantité des repas consommés par repas,
- emprunter de l’argent,
- chercher du travail temporaire en dehors de la communauté,
- acheter de la nourriture à crédit,
- vendre les stocks d’aliments,
- vendre le bétail non reproducteur,
- passer des jours sans manger.
L'adoption de ces stratégies de survie est une des façons de faire preuve d’audace et d’initiatives de la part de ménages
devant des situations difficiles dans des contextes difficiles. Cette logique de survie devenue un « cercle vicieux » peut
freiner les initiatives individuelles mais elle peut aussi conduire à des actions rationnelles bien pensées.
3.4. L’action rationnelle « en finalité » : L’action rationnelle est motivée par un calcul coûts / avantages. L’individu
se fixe un objectif et termine les moyens les plus efficaces pour y parvenir. Les moyens mis en œuvre sont adaptés
aux buts recherchés. Il s'agira alors de parler des pratiques ou structures dans la commune qui participent de par leurs
actions respectives à assoir les fondements d'une résilience à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Ces structures sont:
la Mairie qui a la gouvernance locale, La Plate-forme communale de réduction de risques catastrophes et le cadre de
concertation communal de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
3.4.1. La gouvernance locale: la Marie de karimama : L’avènement de la décentralisation a consacré les Mairies
comme des dépositaires du pouvoir décentralisé. Sous la coordination du Secrétaire Général, l’administration communale
est animée par 08 services créés pour répondre aux enjeux de la décentralisation malgré le sous équipement et le faible
niveau de qualification des agents. Les agents assument les fonctions d’une administration de développement aux côtés
du conseil communal qui a à sa tête le Maire. Le conseil communal de Karimama fonctionne car les sessions ordinaires et
extraordinaires sont tenues à bonne date. Les conseils d’arrondissements quant à eux fonctionnent à des vitesses
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différentes d’un arrondissement à un autre. La commune dans son fonctionnement s'est dotée de plusieurs outils pour
répondre aux attentes des populations. Ces outils qui sont le Plan de Développement Communal (PDC) et les Plans
Annuels d'Investissement (PAI) sont renforcés par des relations de coopération décentralisée Commune-Commune, les
partenariats et l’’intercommunalité (APIDA pour la commune de Karimama). La gouvernance locale, même si parfois ces
objectifs genres «étatiques" ne correspondent pas aux attentes des populations, est un dispositif solide qui faciliterait la
coordination des interventions pour assoir une culture de résilience. C'est d'ailleurs pour cette raison que les deux autres
structures s'appuient sur elle dans le développement de leurs activités.
3.4.2. La Plateforme communale de réduction de risques catastrophes : La Plateforme communale de duction
de risques catastrophes a été mise en place par décret du Gouvernement; Cadre multi acteurs, il est constitué de
l’ensemble des structures publics et privées (services déconcentrés, société civile etc.). Cadre consultatif au conseil
communal en matière de risques et catastrophes; Le fonctionnement de la plateforme est basé sur le plan de contingence
qui analyse les trois grands aléas qui menacent la population de la commune. Créé en 2004 sous le nom de Comité
Communal de la Protection Civile Comité Présidée par le Maire de la commune; Il rassemblait seulement les chefs de
service déconcentrés de l’Etat et certaines ONG intervenant dans la commune. La plateforme assure le leadership de la
prévention, de la préparation, des sauvetages, des réponses aux crises et la coordination des autres directions
thématiques du système de prévention et de gestion des catastrophes.
En matière de SAP, elle:
- reçoit et diffuse l’information en temps opportun et utile des bulletins/messages d’alerte permettant à des individus,
des communautés et des organisations menacées par un danger, de se préparer et d’agir de façon appropriée en temps
utile pour réduire le risque de dommage ou de perte (mesures non structurelles),
- sensibilise les populations sur les risques de catastrophe,
- forme et sensibilise sur les gestes qui sauvent,
- diffuse l’alerte suivant le circuit normalisé de communication et de diffusion des alertes Hydro-climatiques,
- fait le suivi des réactions,
- évalue et capitalise les acquis.
3.4.3. Le Cadre de Concertation Communal Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Dans le souci d'apporter sa
contribution à la mobilisation et à l'éveil de conscience collective dans le domaine de la sécurité alimentaire et
nutritionnelle à la base, la Plate-forme Béninoise pour la Sécurité Alimentaire (PBSA), a appuyé la mise en place de
cadres de concertation sur la SAN (CCCSAN) dans la commune de Karimama. Ce cadre institué par un Arrêté communal
fait de la coordination et l’harmonisation des interventions des différents acteurs intervenant dans la Sécurité Alimentaire
et Nutritionnelle au niveau local un principe essentiel d’amélioration de la gouvernance de la SAN dans la Commune. La
mise en place du CCCSAN s’inscrit dans la stratégie d’amélioration de la gouvernance locale de la curité alimentaire.
Créés depuis 2010, ces CCCSAN ont bénéficié de plusieurs appuis (base de données SAN niveau local, outils d'analyse de
la vulnérabilité alimentaire locale, etc.). Ils ont aussi développé de solides expériences en matière de mobilisation des
acteurs locaux et d’influence des décideurs au profit de la SAN. Les principaux acteurs membres des cadres de
concertations sont : l’administration communale représentée par le Maire de la Commune, les structures techniques
représentées par le Centre de Promotion Sociale (CPS), les structures de santé, le Service Communal de l’Environnement
et de la Protection de la Nature (SCEPN), le Secteur Communal de Développement Agricole (SCDA), les Organisations
Non Gouvernementales (ONG) actives dans la SécuriAlimentaire et Nutritionnelle et les Projets/Programmes de SAN
exécutés sur le territoire de la Commune etc., les structures locales de sécurité : police, gendarmerie, les Organisations
Communautaires de Bases (OCB), notamment les structures faîtières des organisations d’acteurs actives dans le domaine
de la SAN. Le cadre de concertation est animé au quotidien par un Comité de cinq (5) à sept (07) membres désignés
parmi les acteurs. Ce comité est structuré de la manière suivante : Président : Le maire ou son représentant, un ou deux
vices Président (s) et un ou deux rapporteurs. Par ailleurs, un point focal désigné par le Maire joue le rôle de gestionnaire
de base de données et de mémoire technique du CCCSAN.
Ces différentes structures facilitent la mise en synergie de tous les acteurs concernés pour négocier les différences entre
acteurs en matière de calendriers, de valeurs et d’échelle. Tenir compte des spécificités et de l’originalité des idées, des
moyens et des actions de chaque acteur ainsi que de son temps et son espace nous permet de mieux cerner les
dynamiques de la sécurisation alimentaire dans la commune. Car nous passons également à côté des facteurs qui nous
permettraient d’aider les ménages et les communautés à devenir plus résilientes (Shean et Alnouri, 2014)[22].
5. CONCLUSION
Les chocs et les phénomènes naturels ont de plus en plus un effet sur les capacités des ménages à accéder
régulièrement, quantitativement et qualitativement aux denrées alimentaires. Et lorsqu'on évoque la résilience dans la
sécurité alimentaire, cela signifie qu'il faut prendre en considération tout le dynamisme qui favorise l’épanouissement des
ménages. Cette perspective est alors significative dans un milieu comme la commune de Karimama qui est
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structurellement dans une situation d'insécurité alimentaire et la malnutrition a atteint des proportions intolérables.
Dans ce contexte, on comprend qu'il faut rompre avec des habitudes trop classiques et stéréotypées de lutte contre la
sécurité alimentaire pour envisager des couloirs qui donnent aux populations d'accéder à des ressources leur permettant
de construire ou de reconstruire leur existence et de rebondir en puisant à l’intérieur d'eux-mêmes et dans leur
environnement. Ainsi, la logique de résilience dans la sécurité alimentaire dans la commune doit tenir compte des
principes de base qui déterminent les logiques communautaire et socioculturelle. L’une ne va pas sans l’autre, elles sont
étroitement liées et sont en constante interaction. On peut croire que les paramètres de la logique socioculturelle
constituent un frein à la résilience, ce qui n’est pas le cas. Il suffit seulement de concilier les perceptions, les savoirs et
les connaissances qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs pour que s'améliorent les capacités à accéder régulièrement et de façon
continue aux denrées alimentaires des ménages vulnérables et que s'installe la culture de la résilience.
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Citer cet article: Edoun Emmanuel Guy, and Mongbo L. Roch. LES ACTIONS SOCIALES ET LA RESILIENCE EN SECURITE
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