American Journal of Innovative Research and Applied Sciences. ISSN 2429-5396 I www.american-jiras.com
ORIGINAL ARTICLE
ETAT NUTRITIONNEL DE LA MERE ET POIDS DE L’ENFANT A LA NAISSANCE : CAS DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE MARADI, NIGER
NUTRITIONAL STATUS OF THE MOTHER AND BIRTH WEIGHT OF THE CHILD: THE CASE OF THE URBAN COMMUNITY OF MARADI, NIGER
| Mahamadou Elhadji Gounga 1* | Ibrahim Timi Liman Elhadji Ali 2 | Rayanatou Issa Ado 3 | Moussa Arohalassi Halidou 4 | and | Sanda Soumaila Boureima 5 |
1. Département des Sciences et Techniques de Productions Végétales | Faculté d’Agronomie et des Sciences de l’Environnement | Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi (UDDM) | Niger |
2. Département de Médecine, Faculté des Sciences de la Santé, UDDM | Niger |
2. Programme Alimentaire Mondial | sous bureau Maradi | Niger |
4. Ecole Doctorale Santé, Ingénierie, Société et Environnement | UDDM | Niger |
5. Institut de Santé Bouzou Dan Zambadi | Université Libre de Maradi | Niger |
| Received December 21, 2022 | | Accepted December 30, 2022 | | Published February 03, 2023 | | ID Article | Gounga-Ref7-15ajiras251222|
RESUME
Introduction : Cette étude s’est intéressée à l’influence de l’état nutritionnel de la mère sur le poids de son enfant à la naissance. Objectif : Elle avait pour objectif de déterminer s’il existe une relation de cause à effet entre l’état nutritionnel d’une maman et le poids de son enfant à la naissance. Méthodes : L’étude a été réalisée au niveau des centres de santé intégrées (CSI) de la Communauté Urbaine de Maradi (CUM) à travers une étude rétrospective ayant touché cent (100) femmes et des agents de santé. Les outils de collecte de données sont constitués de deux questionnaires, des registres des CSI et les carnets de soins de femmes patientes. Résultats : Les résultats indiquent que la majorité des mères enquêtées connaissent la prématurité mais ignorent le lien entre l’état nutritionnel de la mère et celui de l’enfant. L’accès à l’eau potable, aux soins de santé, aux aliments qui ont été conseillés aux mères pendant les consultations pré natales (CPN) sont satisfaisants. 13% des enfants nés sont de faible poids à la naissance. L’état nutritionnel de la mère et la durée de la grossesse n’influencent pas le poids de l’enfant à la naissance. Par contre, l’âge, la parité, l’activité socio-professionnelle de la mère ainsi que certaines maladies comme le paludisme, l’anémie, l’hypertension artérielle (HTA) constituent les facteurs probables qui influencent le poids de l’enfant à la naissance. Conclusion : Le faible poids de l’enfant à la naissance est plus fréquent (presque le double) chez les filles que chez les garçons pour des raisons encore inconnues. Une étude plus approfondie permettra de mieux comprendre les principales causes du faible poids à la naissance.
Mots clés : Malnutrition, poids à la naissance, facteurs, relation mère enfant, Maradi, Niger.
ABSTRACT
Background: This study focuses on the influence of the nutritional status of the mother on the weight of the child at birth. Objective: Its objective was to determine whether there is a cause and effect relationship between the nutritional status of a mother and the weight of her child at birth. Methods: The study was carried out in the Integrated Health Centers (CSI) of the Urban Commune of Maradi through a retrospective study that involved one hundred (100) women and health workers. The data collection tools consisted of two questionnaires, the CSI registers and the patient care diaries. Results: The results indicate that the majority of the mothers surveyed are aware of prematurity but are unaware of the link between the nutritional status of the mother and the one of the child. Access to drinking water, health care, food advised to mothers during prenatal consultations are satisfactory. 13% of children born are of low birth weight. The nutritional status of the mother and the duration of pregnancy did not influence the weight of the child at birth. On the other hand, the age, the parity, the socio-professional activity of the mother as well as certain diseases such as malaria, anemia, hypertension, constitute the factors, which probably influenced the weight of the child at birth. Conclusion: Low birth weight is more common (almost double) in girls than in boys for reasons that are still unknown. Further investigations will provide a better understanding of the main causes of low birth weight.
Keywords: Malnutrition, Birth weight, Factors, Relationship, Maradi, Niger.
INTRODUCTION
La malnutrition est un problème de santé publique dans le monde en général et dans les pays en développement en particulier. Ce phénomène touche surtout les couches les plus vulnérables de la population, particulièrement les femmes et les enfants. Pour ces derniers, elle cause des problèmes de croissance et de développement. Chez la femme enceinte, la dénutrition provoque des faiblesses physiques et mentales [1], ce qui ne reste pas sans conséquence sur ses enfants. Ainsi, plusieurs facteurs concourent à cette dénutrition et par conséquent le faible poids de l’enfant à la naissance notamment les facteurs socioculturels, religieux, incompatibilité des politiques nutritionnelles aux contextes d’un pays, les maladies, l’état nutritionnel de la mère avant et pendant la grossesse, la taille et le jeune âge de la mère [2]. D’autres facteurs sont aussi incriminés dans la littérature. C’est le cas par exemple du gain de poids pendant la grossesse, de la parité, des maladies infectieuses et parasitaires, du style de vie et le travail de la mère pendant la grossesse [3-6].
Selon l’OMS (2012) [7], une petite taille et un faible indice de masse corporelle ont chacun des effets néfastes sur l’issue de la grossesse : pour la première, un risque accru de complications de la grossesse, l’impératif d’un accouchement assisté et un faible poids de naissance pour le second, un développement physique insuffisant du fœtus. Les enfants de faible poids de naissance risquent davantage de mourir pendant la période néonatale et de développer à l’âge adulte des maladies non transmissibles comme le diabète de type 2 et les cardiopathies [8,9]. Plus de 20 millions de bébés dans le monde sont nés en 2015 avec moins de 2500 g à la naissance, soit un bébé sur sept, selon une analyse publiée par des chercheurs de London School of Hygiene & Tropical Medicine avec l'UNICEF et l'OMS. Cela montre que la question de faible poids à la naissance est un problème qui gangrène le monde entier. C’est pourquoi l’OMS, dans son plan d’application exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant [7] d’ici 2025, cible une réduction de 30 % de l’insuffisance pondérale à la naissance.
La région de Maradi, capital économique du Niger, est l’une des régions les plus touchées par la malnutrition malgré toutes ses potentialités agricoles et économiques [10]. Selon le rapport de la direction régionale de la santé en 2015 [11], la région a enregistré 69000 naissances vivantes, 1120 morts nés, 166 nouveau nés décédés et 2544 ont un poids inférieur à 2500 kg avec un taux d’insuffisance pondéral de 4%, contre 14298 naissances vivantes, 235 morts nés, 43 nouveau nés décédés et 657 ont un poids inférieur à 2,5 kg à la naissance pour la ville de Maradi avec un taux d’insuffisance pondéral de 5%. En sus, la malnutrition est l’une des maladies les plus courantes dans cette région en particulier chez les enfants et les femmes enceintes qui constituent les couches les plus vulnérables de la société [12]. La fréquence des mères adolescentes à la consultation prénatale (CPN), la souffrance des mères rencontrées, le besoin exprimé de certaines mères d’être assistées et le faible poids de l’enfant à la naissance, l’inquiétude de plusieurs agents de santé par rapport à l’état nutritionnel de certaines femmes enceintes constaté constituent l’une des raisons qui ont suscité cette étude. L’objectif général de cette étude est alors de déterminer l’impact de l’état nutritionnel de la mère sur le poids de l’enfant à la naissance au niveau de la Commune Urbaine de Maradi.
MATERIEL ET METHODES
L’étude a été réalisée durant six (6) mois (1er Octobre au 31 Décembre) au niveau des Centres de Santé Intégré (CSI) (Place du Chef, Andoumé, Gao, Bourja, Lalla Malika, 17 porte, Ali Chaïbou, Soura, Ibn Sina et Sabon Gari) de la ville de Maradi. La population était estimée à 224563 habitants en 2012 dont celle agglomérée représentait plus de 88% soit une densité de 2466 habitants au km2 avec un taux d’accroissement de 2,3%. C’est une population majoritairement jeune avec 66% ayant un âge inférieur à 25 ans. Les femmes représentaient 50,25% de la population totale de la ville de Maradi (Figure 1). L’ethnie majoritaire est représentée par les haoussas (87,8 %) et les autres représentent 12,2% [13]. Le mode de vie de la majorité de la population est de type sédentaire.
Figure 1 : Carte de la région de Maradi (INS, 2012) [13].
Avant le début de l’enquête, une autorisation a été obtenue pour tous les CSI concernés auprès des responsables des centres. L’enquête a ainsi démarré au niveau du CSI Andoumé pour prendre fin avec le CSI de Gao.
Il s’agit d’une étude rétrospective qui a consisté à la collecte de données quantitatives et qualitatives à travers des enquêtes et complétée par les informations sur l’évolution de l’état nutritionnel des femmes pendant la grossesse et le poids à la naissance de leurs enfants. Ces données ont été collectées grâce aux registres des CSI, les fiches de soins, les rapports de la Direction Régionale de la Santé Publique (DRSP) et ses partenaires, les carnets de consultation des femmes enceintes et des nourrissons.
Deux fiches d’enquêtes ont été élaborées dont une fiche destinée aux mères juste après l’accouchement et une autre destinée aux agents de santé. La première fiche administrée directement aux femmes, a permis de recueillir les informations socio-professionnelles des mères, leurs accès aux services de soins de santé, leurs états nutritionnels, les pratiques alimentaires néfastes pour la femme enceinte ainsi que le niveau de la qualité de leur vie. Elle a aussi fait cas de l’évaluation du niveau de connaissance des mères sur les causes de la prématurité, du faible poids de l’enfant à la naissance. Ainsi, la mesure du Périmètre Brachial (PB) de la mère quelques heures après l’accouchement a permis d’identifier l’état nutritionnel de la mère pendant cette période. Quant à la deuxième fiche, elle a permis d’évaluer le niveau de connaissance et d’expérience des agents de santé sur les causes du faible poids à la naissance et la prématurité. Les questionnaires ont été distribués et récupérés après remplissage.
La population d’enquête est composée uniquement des mères ayant accouché dans les CSI de la ville de Maradi. Au total 100 femmes ont été concernées par cette étude.
La saisie, l’analyse et le traitement des données ont été effectués manuellement à l’aide de Microsoft office 2013. L’analyse descriptive a permis de calculer et de comparer les moyennes et les écarts types.
Toutes les données collectées ont été traitées et analysées par objectif et dans l’anonymat complet.
RESULTATS
Activité professionnelle
La majorité des mères des enfants nés de faible poids sont des ménagères (38%), suivi des taches commerçantes (3%), autres professions (2%) et les fonctionnaires (%). Cela montre que l’activité pratiquée des mères est un facteur qui concourt au poids de naissance de l’enfant.
État nutritionnel des mères
L’état nutritionnel des mères enquêtées (Figure 2) est reparti comme suit : 8% ont un PB supérieur à 23,5 cm et sont considérées comme étant en bon état nutritionnel, 15% sont en état de malnutrition modérée avec un PB compris entre 21 et 23 ,5 cm et 2 % en état de malnutrition sévère avec un PB inférieur à 21 cm.
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Figure 2. Répartition des femmes en fonction de l’état nutritionnel
Poids à la naissance des enfants
Le tableau 1 montre que sur les 100 naissances concernées par cette étude, 13 ont un faible poids à la naissance (soit 13 %) dont 9 sont de filles et 5 sont des garçons. Le faible poids à la naissance est plus fréquent chez les filles que chez les garçons; possibilité d’un lien entre le faible poids de l’enfant à la naissance et le genre.
Tableau 1: Répartition du poids de naissance selon le sexe de l’enfant
Pendant la grossesse, 60 % des femmes ont changé leur alimentation. Les aliments les plus consommés sont le Moringa (65 %), la Boule (80 %), le Niébé (67 %), les fruits (58 %), les œufs (94 %), les légumes (69 %) et la viande (78 %). Tous les aliments ainsi consommés sont acceptables pour la femme enceinte et bénéfique pour le développement de la grossesse. En plus, il s’agit d’aliments locaux accessibles et disponibles à toute femme selon ces capacités économiques et choix [14].
Les résultats montrent également que 18 % des femmes pratiquent la géophagie, cette pratique leur permet de calmer la nausée tout en ignorant que cette dernière (géophagie) peut provoquer l’anémie car elle ralenti la synthèse des globules rouges dans le sang.
88 % des femmes utilisent le robinet pour avoir accès à de l’eau potable.
95 % des enquêtées ont reçu des conseils nutritionnels pendant les CPN. Les aliments conseillés pendant la grossesse sont disponibles (91 %) et accessibles (81 %) pour la grande majorité des mères enquêtées.
Parmi les femmes enquêtées, 89% dorment sous moustiquaires dont 63% les ont reçus gratuitement. 95 %, 97 % et 87 % ont accès aux traitements préventifs intermittents (TPI) contre le paludisme, la carence en fer, et les parasites respectivement.
Les TPI du paludisme pendant la grossesse ont pour objectif principale de protéger indirectement le fœtus. Ceux pour les femmes réduisent les épisodes du paludisme chez la mère ainsi que les risques d’anémie maternelle, de parasitémie placentaire, du faible poids de naissance et de mortalité néo-natale. En outre toutes les femmes enceintes devraient recevoir une supplémentation en fer et en acide folique dans le cadre de soin anténatale systématique.
Depuis 2012, l’OMS recommande que ce traitement préventif soit administré à toutes les femmes enceintes lors des visites de soins prénatales durant le premier trimestre [7]. Chaque dose devrait être donnée à au moins un mois d’intervalle. Soit au moins 3 doses de TPI à base de sulfadoxine-pirimétanine durant la grossesse.
L’infection peut avoir des graves conséquences pour l’enfant dès la grossesse lorsque la mère est infectée par les parasites [2,3]. Les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables au paludisme du fait d’une diminution de leur défense immunitaire durant cette période. En effet lors de la première grossesse, les globules rouges infectés par des souches particulières des parasites colonisent le placenta. Si la transmission du parasite de la mère à l’enfant par le placenta est rare, l’infection pendant la grossesse perturbe les échanges entre la mère et l’enfant et réduit alors le développement de l’enfant. D’où l’importance de l’albendazole qui bloque l’absorption du glucose par les parasites et provoquant ainsi leur mort.
51 % des mères connaissent le lien entre l’état nutritionnel de la mère et celui de l’enfant et 65 % connaissent les risques de la prématurité. Ce risque est reconnu par les mères comme étant une maladie de la mère liée à la faim, au stress, à la souffrance, au manque de consultation, à la fièvre, à la drépanocytose, à un souci, à une frustration, à une hémorragie, à l’ouverture du col, à un châtiment corporel, à des maux de ventre, au paludisme, au vertige, à l’HTA et au diabète.
L’activité physique majoritaire des femmes pendant la grossesse est la marche pour 58 %. Ainsi, 95 % des mères ont conduit leurs grossesses à terme de façon normale. 69.23 % des mères ayant donné des enfants de faible poids à la naissance ont eu un gain de poids de 4-10 kg pendant la grossesse
Situation et relation pour les mères ayant donné des enfants de faible poids à la naissance
Parmi les 13 enfants qui sont nés avec un faible poids, 12 sont nés de mères en bon état nutritionnel (Figure 3). Ce résultat montre clairement que le faible poids de l’enfant à naissance ne dépend pas de l’état nutritionnel de la mère.
D’autre part la seule mère en état nutritionnel sévère de notre échantillon a donné naissance à un enfant de 3,5kg qui est loin d’être un faible poids à la naissance. Aussi la satisfaction des besoins nutritionnels du placenta et du fœtus ne dépend pas de l’alimentation de la mère mais plutôt de la capacité de son métabolisme à satisfaire les besoins en nutriments du placenta et du fœtus.
Figure 3: Relation entre l’état nutritionnel de la mère et le poids de l’enfant à la naissance.
38,46 % de 15 à 21 ans, 53,84 % des enfants nés avec un faible poids ont des mères âgées entre 22 et 35 ans (Figure 4). Donc ce phénomène est plus fréquent chez les mères âgées de 22 à 35 ans suivi de celles âgées de 15 à 21 ans. L’âge de la mère joue un rôle important dans l’avènement du faible poids à la naissance.
Figure 4: Répartition des enfants nés avec un faible poids selon l’âge des mères.
Les maladies présentes chez les mamans des enfants de faible poids de naissance sont : le paludisme, l’HTA, l’anémie, et le stress. Ces maladies pourraient influencer le poids de l’enfant à la naissance.
Parmi les femmes enquêtées 77% résident à Maradi ville. Ce qui montre pratiquement que l’étude a concerné en majorité des citadines. L’état nutritionnel des mères enquêtées montre que 83 % ont un PB supérieur à 23,5 cm donc considérées comme étant en bon état nutritionnel, cela est une situation satisfaisante compte tenu du fait que Maradi soit l’une des régions les plus touchées par la malnutrition au Niger. 13 enfants ont un faible poids à la naissance dont 9 filles et 5 garçons sur les 100 naissances concernées par cette étude. Le faible poids à la naissance est plus fréquent chez les filles que les garçons; cela suppose une relation entre la fréquence du faible poids à la naissance et le genre. Cela est comparable aux idées rapportés par El hadji Dieye (1983) au Sénégal [15], Fourn et Zohoun (1990) au Bénin [16] dont les résultats ont révélé une prédominance féminine. Par contre, les résultats obtenus sont en contradiction avec ceux de Piechulek et Mendoza Aldana (1996) [17] au Cameroun où le taux des garçons (9.1 %) ayant un poids de moins de 2500g était supérieur à celui des filles (6.6 %). C’est le cas également des études d’Apetsianyi [18], de Djadou et al. (2005) [19] et Akutsa [20] ont également rapporté une prédominance masculine au Togo. Cela pourrait signifier que le faible poids à la naissance n’est pas lié au genre compte tenu de cette différence remarquée pour toutes les études. Toutefois, au-delà de toutes autres causes et considérations, le faible poids à la naissance peut varier d’une région à une autre dans un même pays [21].
95% des enquêtées disent avoir reçu des conseils nutritionnels pendant les CPN et 91 % des aliments conseillés aux mères sont disponibles. Il est très probable que cela ait joué un rôle très important pour la conduite de la grossesse des femmes. En plus, 63 % des mères disent avoir reçu gratuitement des moustiquaires. Certes louable, mais cette distribution gratuite des moustiquaires doit être plus élargie afin de pourvoir couvrir toutes les mères voire même la population entière. Cela permettrait de prévenir en partie le paludisme et ces conséquences. Ce résultat est similaire à celui présenté par Djadou et al. (2005) [19] au Togo (62.4 %) mais inférieur à celui de Onyeneho et al. (2016) [22] au Nigéria (2014) qui était de 41 % bien que ces deux études prennent en compte l’utilisation de moustiquaires. Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude supposent que les femmes ayant reçu une moustiquaire l’ont utilisé durant la grossesse à des fins prophylactiques contre le paludisme. Une faible proportion des mères (18%) pratiquent la géophagie. Cette pratique doit faire l’objet d’un point d’attention sachant qu’elle peut créer l’anémie chez la femme enceinte d’où le risque de vie pour la mère et le bébé. La source de provenance d’eau de cette population enquêtée est le robinet pour 88 %. Cela contribue significativement au bien être des femmes enceintes.
51 % des mères connaissent le lien entre l’état nutritionnel de la mère et celui de l’enfant; il est donc nécessaire, voir même indispensable d’informer, de sensibiliser et d’éduquer d’avantage les mères sur ce lien ainsi que son importance afin de garantir des bonnes pratiques alimentaires favorables à la grossesse et au développement de cette dernière pour les femmes qui se présentent au niveau des structures de santé.
Plusieurs maladies des mères sont des causes probables de la prématurité mais il est difficile de dire avec précision l’ampleur de chacune compte tenu du faible taux d’enfants nés de faible poids dans cette étude. Néanmoins, 28 % des mères enquêtées ont contracté le paludisme pendant la grossesse, 11 % sont victimes de l’anémie durant cette période, 14 % ont l’HTA, 13 % des mères ont vécu avec un stress dans la même phase, 2 % souffrent de diabète et même de VIH/SIDA, et 1 % souffre de drépanocytose. Le paludisme, l’HTA, le stress et l’anémie sont les maladies les plus fréquentes chez les mères enquêtées. Ces mêmes maladies ont été citées par les agents de santé participant à l’étude. C’est pourquoi, il est nécessaire de traiter en priorités ces facteurs lors de la prise en charge de la femme enceinte. A cela s’ajoute la pauvreté des mères dont la grande majorité est ménagère bien que cela n’ait pas eue d’effet sur les naissances.
La grande majorité des mères (69 %) sont des ménagères, suivies des commerçantes (15 %). Il a été relevé que les mères des enfants de faible poids à la naissance appartenaient à la catégorie des ménagères (38,46 %) et des commerçantes (30,76 %). La marche durant la grossesse est l’activité la plus importante suivie des travaux domestiques. Les mères enquêtées connaissent ainsi l’importance de l’activité physique pour la santé de la femme pendant la grossesse. Il faut également souligner que le milieu urbain a sans nul doute un impact sur le comportement des mères contrairement au milieu rural où la femme enceinte exerce beaucoup plus d’activité physique malgré son état.
Le faible poids à la naissance a été plus fréquent chez les mères ayant gagné de 4 à 10 kg avec 69,23 %, suivi de celles qui ont gagné de 11 à 15 kg (23,07 %) et celles ayant gagné de 16 à 20 kg pendant la grossesse (7,69 %). Nous pouvons dire que, plus le gain de poids est grand moins le faible poids de naissance augmente et vice versa. Ainsi, ce facteur de gain de poids peut être un facteur influençant le poids de l’enfant à la naissance [3,4-6-23]. La durée de grossesse des mères enquêtées a varié de 6 à 12 mois. 95 % des naissances ont été effectuées par des accouchements pas voie basse (terme normale) et 5 % seulement par césarienne. Parmi les 13 enfants qui sont nés de faible poids, un seul est né d’une femme en état de malnutrition modéré (avec un PB compris entre 21 et 23,5 cm), tous les restes sont nés des mères considérées comme étant en bon état nutritionnel (PB supérieur à 23,5 cm). Aussi, L’enfant qui a le plus faible poids de naissance est né d’une femme en bon état nutritionnel ; et la seule femme en état de malnutrition sévère a donné naissance à un enfant de 3,5 kg qui est loin d’être un faible poids. Donc sur la base de ces résultats, l’on peut conclure que l’état de nutrition de la mère ne conditionne pas le poids de naissance de l’enfant. Ce qui est en contradiction avec certains résultats présentés dans la littérature [2-19-23].
38,46 % des enfants nées avec un faible poids sont des mères qui ont un âge compris entre 15 et 21 ans. 53,84 % de ces enfants sont nés des mères dont l’âge est compris entre 22 et 35 ans, et 7,69 % de ces enfants sont nés des mères âgées de 36 ans à plus. Donc, ce phénomène et plus fréquent chez les mères âgées de 22 à 35 ans suivies de celles âgées de 15 à 21 ans. Ces résultats vont dans la même logique que ceux prouvés par une équipe des chercheurs canadiens [24] qui concluent que les femmes enceintes âgées de 30 à 34 ans présentent le moins de risques d’accoucher prématurément et, peu importe la cause de la prématurité, ces bébés sont plus à risque de souffrir de complications médicales dont un faible poids à la naissance. Par contre, Piechulek et Aldana (1996) [17] au Cameroun ont rapporté que le faible poids de naissance est plus élevé chez les femmes ayant un âge inférieur à 20 ans. L’âge de la mère est un facteur qui influence le poids de l’enfant à la naissance car la maturité physiologique de la mère conditionne la facilité au fœtus, ainsi qu’au placenta l’absorption et l’assimilation des nutriments nécessaires à leurs développements.
Plus important dans cette étude, la durée de grossesse des enfants nés de faible poids est de 7,69% (6 mois), 23,07% (8 mois) et 15,38% (10 mois). Cependant plus de la moitié des grossesses (53,84%) ont duré 9 mois (considérée comme la durée normale d’une grossesse). La durée des grossesses pourrait être un facteur ayant accru le taux d’enfants nés de poids faible dans cette étude. Ainsi, en excluant les prématurés des enfants nés de faible poids, il y a au total 9 enfants de faibles poids à la naissance sur les 100. Tous ces enfants sont issus d’une grossesse d’au moins 9 mois. Donc, d’après les résultats issus de nos investigations, le faible poids à la naissance ne dépend pas de la durée de la grossesse.
Globalement, une différence de poids de naissance dans la même zone peut s’expliquer par les conditions socioéconomiques, climatiques et nutritionnelles des femmes. Les chercheurs qui se sont penchés sur les raisons de taux régulièrement inchangé de faible poids de naissance au cours des dernières décennies ont conclu que, outre les soins médicaux efficaces en période prénatale, l'importance des facteurs socio- économiques, tels que l'éducation maternelle, le statut matrimonial, le revenu, l'emploi, la situation professionnelle, l’appui sociale, le lieu de résidence et l'interaction entre certaines de ces variables, sont à prendre en considération [25-27] mais aussi la primiparité [5-23].
CONCLUSION
La faible poids à la naissance et la nutrition des mères sont des phénomènes de santé publique qui préoccupent les acteurs clés de la santé. La détermination des causes permet sans nul doute à réduire son ampleur. Dans le cadre de cette étude seulement 13% des enfants ont un faible poids de naissance dont 9% pour les femmes ayant conduit leurs grossesses à termes c’est à dire pas prématuré. Les facteurs liés au faible poids de naissance ne sont pas clairement ressortis à cause de plusieurs raisons dont le statut des femmes enquêtées qui sont citadines pour la plupart, la disponibilité des structures de santé ainsi que leurs programmes de suivis des patientes enceintes. Il serait judicieux d’étendre l’étude à des conditions physiques et humaines variées, ce qui permettrait peut-être de mieux explorer les pistes qui amèneraient à toucher l’essentiel des causes de faibles poids à la naissance.
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