Durant l’élaboration de cet inventaire, trois espèces ont été très rarement observées sur ce site, il s’agit de deux Mousses
et une Anthocérote:
Pterogonium gracile
récoltée sur du bois mort humide formant des tapies colorés, puis
Anomobryum
filiforme
et
Anthoceros punctatus
récoltées sur une terre argileuse et humide. Les taxons fréquents du Jbel
Sidi Ali
sont
nombreux, atteignant un total de 13 espèces soit 31,7% : il s’agit de onze Mousses, d’une Hépatique et d’une
Anthocérote. Ces espèces présentent une large aire de répartition surtout sur la terre argileuse.
Pleurochaete squarosa
est l’espèce la plus fréquente dans le site d’étude. Elle est récoltée en peuplement étendu et vit sur la terre argileuse
sous le ciste à fleurs blanches (
Cistus salviifolius
), et elle présente une large répartition altitudinale dans le site étudié (de
192 à 555m) ; elle peut donc être considérée comme une bryophyte qui caractérise la zone d’étude. Cette diversité peut
s’expliquer par les conditions favorables de la zone étudiée que ce soit les conditions édaphiques ou climatiques. La
plupart des espèces bryophytiques sont récoltées 2 à 3 fois dans le site étudié et sur des substrats diversifiés tels que
l’argile, les troncs du chêne-liège et de l’arbousier puis sur des racines aériennes du lentisque comme :
Homalothecium
sericeum
sur
Quercus suber, Trichostomum crispulum
sur terre argileuse humide,
Hypnum cupressiforme
sur écorce de
l’arbousier,
Targionia hypophylla
sur terre argileuse sous lentisque. Le genre
Bryum
est le plus riche en espèces, il est
rencontré et largement réparti sur Jbel Sidi Ali de 192m à 555m d’altitude sur murs ensoleillés et terre argileuse.
Dans certaines stations sont rencontrées plusieurs espèces (de 4 à 12), cela est dû à l’exposition Nord, à la présence des
sources d’eau et aussi à une végétation dense constituée essentiellement de ciste à fleurs blanches, de chêne-liège,
d’arbousier, de lentisque et de la bruyère arborescente. Cette végétation a permis de créer un milieu ombragé et frais
favorisant la croissance de ces espèces qui sont réparties sur des altitudes variables (192 m, 253 m, 271 m, 271m,
289 m, 306 m, 308 m, 408 m, 434 m, 469 m, 555 m). Par ailleurs, nous constatons que le substrat le plus rencontré sur
lequel poussent ces espèces, est de la terre argileuse qui a la propriété de faciliter la rétention de l’humidité. Pour le reste
des altitudes(234m, 235m, 352m, 259m, 261m, 273m, 285m, 304m, 312m, 331m, 333m, 339m, 352m, 406m, 408m), il
y a un nombre faible d’espèces (de 1 à 3), dû à l’exposition qui est plus orientée vers le sud et sud-est, où les conditions
édaphiques sont défavorables (milieu ensoleillé et moyennement à peu humide) et où la végétation présente une faible
densité.
La majorité des espèces de l’inventaire ainsi élaboré n’ont jamais été signalées dans les études antérieures de la flore
bryophytique de la région, à l’exception d’une seule espèce qui est
Timmiella barbuloides
[2]. Ceci est dû à un manque
des travaux de recherche dans le domaine bryologique au Maroc.
Du point de vue habitat, la bryoflore du Jbel Sidi Ali présente un cortège des terricoles très largement dominant avec
68,29%, dont l’essentiel s’installe sur la terre et le sol argileux. Les saxicoles et les épiphytes sont rares, à eux deux ne
représentent que 12,19% de la diversité globale : la bryoflore saxicole au sens large s’installe sur des roches et des
pierres, la bryoflore épiphyte est liée particulièrement au chêne-liège et à l’olivier. Les communautés muricole, épixyle et
corticole ne sont représentées que par une seule espèce chacune :
Bryum argentum
sur un mur,
Pterogonium gracile
sur
du bois mort et
Hypnum cupressiforme
sur l’écorce de l’arbousier.
5. CONCLUSION
Jbel Sidi Ali occupe une superficie d'environ 2300 ha et apparaît comme un milieu propice pour la flore bryophytique en
raison de ses conditions climatiques et édaphiques favorables et de la diversité des plantes vasculaires qui y vivent. Notre
étude est basée sur l'analyse de 26 relevés. Le nombre de taxons recensé dans cette région est de 41 espèces dont les
Mousses représentent 85,36 %, les Hépatiques 9,75 % et les Anthocérotes 4,87 %. Les familles les plus riches en
espèces sont les Pottiaceae, représentées par 12 taxons (soit 29,26 %), puis les Brachytheciaceae et les Bryaceae avec 5
taxons chacune (soit 12,19%). Parmi les espèces récoltées,
Pleurochaete squarosa
possède l’aire de répartition
altitudinale la plus vaste ; elle peut être considérée comme une espèce cosmopolite dans l’aire d’étude. Pour la famille
des Anthocerotaceae, on a observé la présence de deux espèces seulement, l’une est rencontrée dans trois relevés
(
Phaeoceros laevis),
et l’autre dans un seul (
Anthoceros punctatus
). L’étude de la flore bryophytique du canton Sidi Ali a
permis de connaitre la diversité des bryophytes sur ce site en relation avec les conditions du milieu. Aucune étude
approfondie n’a été réalisée sur la flore bryophytique du canton, rendant difficile l’évaluation de la dynamique de ces
communautés dans la zone, pour cela il est recommandé d’effectuer une autre étude après quelques années dans Jbel
Sidi Ali pour y connaitre la variation de la richesse bryophytique.
6. REFERENCES
1. Ah-Peng C. Diversité, distribution et biogéographie des Bryophytes des coulées de lave du Piton de La Fournaise (La Réunion).Thèse de Doctorat d’Université –
Université de la Réunion ; 2007. pp.421. Available: https://tel.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/489749/filename/2007lare0016-ha-peng.pdf. Consulté le 2 Janvier
2016.
2. Ahayoun Kh., Ouazzani Touhami A., Benkirane R. and Douira A. Catalogue bibliographique des Bryophytes du Maroc (1913 - 2011). Journal of Animal &
Plant Sciences, 2013; 17 (1):2433-2513.
3. Anonyme a. Direction provinciale de l’agriculture d’Ouezzane ; 2017.
4. Anonyme b. Direction provinciale des Eaux et Forêts et de la lutte contre la Désertification d’Ouezzane ; 2015.
5. Augier J. Flore des Bryophytes (Morphologie, Anatomie, Biologie, Ecologie, Distribution Géographique), Ed. Paul Chevalier; 1966.